Epargne retraite des fonctionnaires : la justice se penche sur le scandale du Corem

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Le palais de justice de Paris. © MIGUEL MEDINA / AFP
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Olivier Samain avec N.M. , modifié à
Les souscripteurs de cette complémentaire retraite, qui estiment que les garanties des contrats n'ont pas été remplies, ont porté plainte pour "tromperie".
INFO EUROPE 1

Le Parquet de Paris vient d'ouvrir une enquête préliminaire sur ce qui pourrait devenir un des plus gros scandales des dernières années en matière d'épargne. Le dossier concerne le Corem, un complément de retraite auquel plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires ont souscrit depuis 2002. Créé sur les décombres du Cref qui avait, lui aussi, eu maille à partir avec la justice, le Corem ne remplirait pas les promesses faites à ces épargnants. Ces derniers ont décidé de porter plainte pour "tromperie" contre l'Union mutualiste retraite (UMR), l'organisme qui a commercialisé le Corem et au sein duquel on retrouve de grandes institutions comme la MGEN ou la MAIF. 

La promesse d'"une meilleure retraite". "On peut tous se dessiner une meilleure retraite", "le Corem est un complément sûr et performant", "plus tôt vous adhérez, meilleure sera votre retraite"... voilà le genre de slogans utilisés dans les plaquettes du Corem qui ont convaincu 30.000 membres de la fonction publique. Attirés par la promesse d'un taux de rendement garanti, ils ne savaient cependant pas qu'ils allaient par la suite subir de sérieux coups de rabot, selon les termes de leurs plaintes.

Combler les pertes du Cref. Concrètement, le rendement de l'argent placé a été fortement revu à la baisse, sans atteindre même le niveau de l'inflation. Les souscripteurs se sont aussi vu retirer deux années de rente pourtant promises. Mais selon les plaignants, le plus grave est qu'ils n'ont pas été prévenus clairement que leurs contributions seraient utilisées pour combler le trou d'un autre désastre financier, celui du Cref, qui a plombé au début des années 2000 l'épargne de 450.000 souscripteurs. 

"Un puits sans fond". Selon Jean-Didier Mazzuca, président du Comité d'information et de défense des sociétaires du Corem (CIDS), "on a promis aux personnes qui ont souscrit ce produit que l'argent qu'ils déposeraient tous les mois leur permettrait de se constituer un complément de retraite garanti jusqu'à la fin de leurs jours". "En fait, l'argent qu'ils mettent sur le Corem sert à financer un puits sans fond et le piège est en train de se refermer sur les souscripteurs", explique-t-il au micro d'Europe 1. Le trou à combler est évalué aujourd'hui à 2,9 milliards d'euros. 

"Aucune crainte à avoir" selon l'UMR. L'Union mutualiste retraite (UMR), l'organisme qui a commercialisé le Corem, dément pour sa part être dans une passe difficile. Selon Me Philippe Lecat, son avocat, "il n'y a jamais eu de trou" mais plutôt "un problème de provisionnement pour faire face à des changements de réglementation". "L'argent que dépose chaque sociétaire sur son contrat Corem lui est affecté personnellement, transformé en provision mathématique, sécurisé sur des placements et à terme, quand ce sociétaire prendra sa retraite, il percevra sa rente", ajoute-t-il.

Il reconnaît cependant des problèmes mais "qui valent pour tous les organismes de retraite complémentaire" : "les taux longs", "l'augmentation de la durée de la vie" et "l'adaptation des nouvelles règles prudentielles". Mais "aucune crainte à avoir" car "l'Autorité de contrôle surveille tout ça", estime Me Philippe Lecat. 

Ces propos ne rassureront pas forcément les fonctionnaires qui ont fait confiance au Corem. Certains envisagent de stopper leurs versements quitte à prendre le risque de ne jamais retrouver l'épargne qu'ils ont patiemment constituée.