Energies renouvelables : pourquoi la France prend du retard

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Ségolène Royal prépare une nouvelle feuille de route pour que la France ne rate pas le train de la transition énergétique.

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) s’est réuni jeudi pour faire le bilan de l’année écoulée et l’optimisme était de rigueur. 2015 a été "une année remarquable pour les énergies renouvelables" et cela "dans un contexte pourtant difficile", s'est félicité Jean-Louis Bal, président du SER. Le développement des énergies renouvelables est indéniable : les centrales solaires ou géothermiques se multiplient sur le territoire et plusieurs projets pour récupérer l’énergie marine devraient bientôt voir le jour. Sauf que cet essor est plus poussif que dans d’autres pays : malgré l’organisation de la COP21, la France prend du retard par rapport à ses voisins.

L’objectif : 23% d’énergies renouvelables en 2020. L’Union européenne a adopté en 2009 une feuille de route contraignante baptisée paquet climat-énergie afin de préparer la transition énergétique. Ce virage doit permettre de limiter le réchauffement climatique mais il a aussi une dimension géostratégique : l’Europe a tout intérêt à limiter sa dépendance aux importations d’hydrocarbures, notamment de Russie et de la péninsule arabique.

L’Union européenne s’est donc fixé l’objectif suivant : les énergies renouvelables devront représenter 20% de sa consommation en 2020. Mais il ne s’agit que d’une moyenne, chaque Etat ayant un objectif différent qui tient compte de sa situation : 49% pour la Suède, 30% pour le Danemark et 10% pour Malte. Dans le cas de la France, la barre a été placée à 23%, puisque l’Hexagone a notamment l’avantage de disposer de nombreux barrages, sources d’énergie hydraulique.

La France prend du retard. Six ans plus tard, la France a bien progressé mais moins vite qu’elle ne l’espérait. En 2014, la part des énergies renouvelables était censée atteindre 16% : elle n’a été que de 14,6% d’après le Commissariat général au développement durable.

Pour la Commission européenne, ce retard peut s’expliquer par la multiplication de procédures judicaires, notamment pour contester l’installation d’éoliennes, ainsi que par l’apparition de problèmes techniques qui n’avaient pas été anticipés. Parmi les bons points distribués à la France : le recours aux énergies renouvelables dans les transports en commun, le développement de la biomasse et l’essor du biodiesel. En revanche, l’Hexagone est à la peine par rapport au reste de l’UE dans l’isolation thermique.

L’Hexagone parmi les mauvais élèves de l’UE. Si l’Hexagone risque de ne pas atteindre ses objectifs, qu’en est-il pour les autres pays de l’Union européenne ? Dans un rapport publié en juin 2015, la Commission européenne a fait un bilan d’étape, et ce dernier n’est pas vraiment à l’avantage de la France.

Certains pays sont en effet en avance sur les objectifs fixés pour 2020 : l’Autriche, la Bulgarie, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Croatie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, la Roumanie, et surtout la Suède. Un autre groupe devrait être dans les clous : Chypre, la République tchèque, l’Allemagne, la Hongrie, le Portugal, la Slovénie et la Grèce. Et la France dans tout cela ? Elle se retrouve dans les pays qui risquent de ne pas y arriver, avec la Belgique, l’Espagne, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Lettonie et le Royaume-Uni. Cette infographie réalisée par Eurostat résume la situation de chaque Etats, avec sa part d'énergies renouvelables en 2013 (en vert) et le niveau à atteidre (en bleu).

05.02.Energies renouvelables objectif et niveaux 2013.EUROSTAT.1005.474

Comment se remettre à niveau ? Conscient que l’Hexagone prend du retard, le gouvernement un nouvel ajustement qui prendra la forme d’un décret sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Présenté "avant la fin du mois de février", dixit Ségolène Royal, il doit fixer de nouveaux objectifs pour chaque filière en concertation avec les entreprises du secteur. Une mise à jour d’autant plus nécessaire que la marche suivante sera encore plus haute : la France ambitionne d’atteindre 40% d’énergies renouvelables en 2030.