Emmanuel Macron Donald Trump 1:07
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Nicolas Barré, édité par Mathilde Durand , modifié à
La taxe Gafa imposée par la France passe mal. Donald Trump menace les produits français de sanctions commerciales. Les exportateurs pourraient subir la situation, et l'Hexagone ne semble pas en mesure de "gagner ce bras de fer" selon Nicolas Barré, éditorialiste économique sur Europe 1. 

>> Pour protester contre la taxe sur les Gafa , les géants du numérique, créée par la France, les Etats-Unis menacent de droits de douane à hauteur de 2,4 milliards de dollars certains produits français. De nombreux biens de consommation comme les yaourts, le maquillage, les sacs à main ou encore le vin pétillant pourraient ainsi être surtaxés. Mardi, à Londres, Donald Trump et Emmanuel Macron, se sont montrés optimistes sur leur capacité à trouver une solution. La taxe Gafa est un "pari très risqué" juge l'éditorialiste Nicolas Barré, sur Europe 1. 

"Les exportateurs français sont frappés au cœur : les sanctions américaines en rétorsion contre la taxe Gafa française font mal. Peut-on gagner ce bras de fer ? Il y a peu de chance. Et c’est bien ce qui inquiète les industriels de l’agroalimentaire, des cosmétiques ou du luxe qui sont les victimes collatérales d’un conflit qui ne les concerne pas. Avec sa taxe Gafa, la France a fait un pari très risqué, je dirais "à la Trump", avec une taxe unilatérale. Une taxe qui, dans le scénario rêvé de Paris, devait être soutenue par toute l’Europe et même au-delà. Et donc faire plier Trump qui par ailleurs n’entretient pas les meilleures relations avec Facebook ou Amazon. Mais ce scénario n’a pas fonctionné. D’où une liste de sanctions visant les plus gros exportateurs français et qui, potentiellement, peuvent faire très mal.

Et comment peut-on sortir de cette situation ? Si les sanctions sont réellement mises en œuvre par le président américain, la France se fait fort de convaincre l’Europe de ripsoter. Problème : peu de pays européens ont décidé de mettre en œuvre une taxe Gafa : Espagne, Royaume-Uni, Italie, Irlande. Les autres, plus prudents voire carrément hostiles, attendent de voir ce qui va se passer. Bref, il n’y a aucun front uni européen dans cette affaire. Le pari de la France reste de convaincre plus de pays d’adopter cette taxe Gafa pour créer un rapport de force en notre faveur. Mais ce n’est pas gagné, très loin de là. Et en attendant, ce sont les exportateurs de fromages, de champagne et de produits de luxe -et donc notre balance commerciale- qui risquent d’en faire les frais."