Muguet 1:22
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Charles Guyard (à Nantes), édité par Solène Leroux
Certains emplois sont boudés par les Français, comme la récolte de muguet, que l'on s'offre traditionnellement le 1er mai. 80% proviennent du bassin nantais, mais cette année, personne ne veut les ramasser, sauf des demandeurs d'asile. Y aura-t-il alors assez de clochettes pour le 1er mai ?
REPORTAGE

"Cap sur le plein emploi", a dit jeudi Élisabeth Borne, après la nouvelle baisse annoncée du chômage en France. Mais quel emploi ? Certains sont boudés par les Français. Comme la récolte de muguet, que l'on s'offre traditionnellement le 1er mai. 80% proviennent du bassin nantais, mais cette année, personne ne veut les ramasser. Y aura-t-il alors assez de clochettes pour le 1ᵉʳ mai ? Maraîcher dans le bassin nantais, Louis Bouyer est plutôt sceptique. "On manque de muguet partout. C'est du jamais vu", assure-t-il au micro d'Europe 1.

240 personnes inscrites, 85 à l'embauche

Cette pénurie, qui touche toute la filière, a une explication : le manque inédit de main d'œuvre. "On a commencé à récolter le 13 avril", détaille le maraîcher. "On avait 240 personnes inscrites, et à l'embauche, le lendemain matin, nous étions 85." La conséquence : "1, 2 million de brins qui restent aux champs. C'est une perte nette et des annulations de commandes sur la fin de saison", déplore Louis Bouyer. "On ne sait pas pourquoi les gens ne sont pas venus."

Ceux qui ne se sont pas déplacés, ce sont principalement des étudiants ou des demandeurs d'emploi. Mais heureusement, il y avait quand même du monde dans les champs, comme Issa, un Camerounais sans papiers de 26 ans. "C'était quand même un peu dur", précise-t-il à Europe 1. "Mais le travail, nous on le voulait, on a besoin de ça."

380 demandeurs d'asile pour la cueillette

En tout, 380 demandeurs d'asile ont assuré la cueillette dans deux exploitations. "Cette année, si les migrants n'avaient pas été là, ça aurait été très, très compliqué pour les producteurs", affirme Catherine Libault, présidente de l'association Accompagnement migrant intégration à Nantes. "Le producteur avec lequel on travaille depuis deux ans a dû doubler son effectif, par rapport à l'année dernière", explique-t-elle encore. "Chez lui, on était les seuls dans les champs, il n'y avait personne, donc heureusement qu'on était là."

Une main d'œuvre étrangère qui, cette année, a donc bel et bien sauvé la saison du muguet. "Nous étions plus nombreux que les Français", conclut Issa.