Combien vaut réellement Twitter ?

Le prix de vente de Twitter est très discuté.
Le prix de vente de Twitter est très discuté. © LEON NEAL / AFP
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RÉSEAUX SOCIAUX - Le réseau social serait à vendre. Mais son prix reste très discuté. Et les défis qui attendent les potentiels acheteurs sont nombreux.

Acheter Twitter oui, mais à quel prix ? Alors que les rumeurs de vente du réseau social à l'oiseau bleu se font de plus en plus insistantes et que les candidats sont de plus en plus nombreux, la question du prix à payer pour une telle acquisition reste épineuse. En cause, la situation de Twitter, loin d'être évidente.

Pourquoi Twitter voudrait-il se vendre ? D'un côté, le réseau social n'en finit pas de faire parler de lui. Il a séduit toutes (ou presque) les stars internationales et est souvent le média le plus réactif en cas d'événement particulier. De l'autre, il peine à attirer de nouveaux utilisateurs. Les regards extérieurs le jugent souvent trop complexe à utiliser, voire même austère. Résultat, depuis bientôt deux ans le réseau social voit son nombre d'utilisateurs stagner. Tout juste a-t-il augmenté de neuf millions depuis le premier trimestre 2015 quand, sur la même période, Facebook a séduit 271 millions nouveaux utilisateurs.

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Et le retour de Jack Dorsey, le co-fondateur de Twitter, à la tête de l'entreprise en juin 2015 n'a pas guère inversé la tendance. Malgré le développement de nouvelles fonctionnalités, sur Periscope et dans la vidéo, mais aussi sur Twitter directement, la courbe représentant le nombre d'utilisateurs mensuels reste désespérément plate. En début de semaine dernière, Twitter en est donc venu à assouplir la règle des 140 caractères et à revoir son système de mentions dans l'objectif de simplifier son utilisation.

Que vaut Twitter en bourse ? Malgré cela, la valorisation de Twitter en bourse ne s'est pas améliorée ces derniers temps. En mettant de côté le bond de 20% de l'action suite aux informations sur un possible rachat publiées vendredi, le réseau social a vu sa valorisation divisée par plus de trois en trois ans. Quand Twitter valait 40 milliards de dollars (environ 35 milliards d'euros) à son introduction en bourse en 2013, il était valorisé à 13 milliards de dollars (environ 11,5 milliards d'euros) jeudi dernier.

Combien devra donc dépenser le possible acquéreur de Twitter ? 13 milliards de dollars ? Ce sera en réalité bien plus. En août dernier, le site américain Re/Code estimait à 18 milliards de dollars la valeur de Twitter en cas de rachat. Pour arriver à ce chiffre, le média s'est notamment basé sur le montant du récent rachat de LinkedIn par Microsoft et a comparé le nombre d’utilisateurs et les résultats financiers des deux sociétés. L'entreprise fondée par Bill Gates avait dépensé 26,2 milliards de dollars pour s'offrir le réseau social dédié aux professionnels.

Quel prix pour Twitter ? Mais pour Twitter une vente à ce prix ne serait pas acceptable. D'après deux sources internes au réseau social citées par Re/Code, Twitter souhaiterait se vendre pour au moins 30 milliards de dollars (26,7 milliards d'euros). Un prix qui semble largement surévalué. "Ce serait une prime de 100%, ce serait énorme. Pour que les enchères aillent aussi haut il faudrait qu’il y ait une vraie bataille entre plusieurs acheteurs potentiels", explique à europe1.fr Leslie Griffe de Malval, analyste chez Fourpoints IM.

Surtout, un tel prix pourrait écarter bon nombre de candidats à un éventuel rachat. Premier d'entre eux, Salesforce.com. Alors que CNBC, qui a évoqué le premier l'hypothèse d'un rachat vendredi, annonçait que Google et Salesforce.com étaient intéressés, ce montant pourrait être trop important pour l'entreprise spécialisée dans le cloud. Salesforce.com n'est en effet valorisé à « seulement » 50 milliards de dollars, à peine 20 de plus que le montant souhaité par Twitter.

Quels acheteurs potentiels ? D'autant que l'équation engendrée par le rachat de Twitter est complexe. Le nouveau propriétaire du réseau social devrait réussir à redresser les comptes et conquérir de nouveaux utilisateurs sans tourner le dos aux utilisateurs actuels qui en ont fait la renommée. "Le premier enjeu sera de faire repartir à la hausse le nombre d’utilisateurs actifs", confirme Leslie Griffe de Malval, mais aussi "de rendre la société rentable".

Qui serait donc le plus à même de le faire ? Alphabet (Google) ? La société pourrait tenter de mettre un pied dans ce domaine alors que sa tentative dans le social, Google+, reste aussi l'un de ses plus gros échecs. "Rajouter Twitter dans l’offre de Google ça aurait du sens parce qu’ils n’ont pas réussi dans les réseaux sociaux avec Google +, mais aussi parce qu’ils ne sont pas leaders dans la messagerie instantanée. C’est Facebook qui est très présent sur ce créneau avec Messenger ou encore WhatsApp", analyse Leslie Griffe de Malval. L'opérateur Verizon, qui rachète actuellement Yahoo!, pourrait aussi être intéressé. « Intégrer Twitter à un grand groupe permettra de toute manière de dégager des leviers », conclut l’analyste.