La construction des grands navires de croisière est encore une chasse gardée européenne face à la concurrence asiatique. 1:39
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François Coulon, édité par Antoine Cuny-Le Callet
Alors que le groupe italien Fincantieri projette depuis trois ans de racheter les Chantiers de l'Atlantique, les syndicats sont toujours mobilisés contre ce projet. Au micro d'Europe 1 mercredi, la secrétaire de la section Force ouvrière, Nathalie Durant-Prinborgne, a dénoncé l'absorption à venir du groupe français par un de ses concurrents.

Le groupe italien Fincantieri a obtenu mercredi de la part du gouvernement français un cinquième délai pour finaliser le rachat des Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire. Un mois de sursis dû au ralentissement des procédures d’examen de l’offre de l’entreprise. Le dossier est stratégique car une alliance de l’italiens avec les Chinois de CSCC pourrait créer une brèche dans la chasse-gardée européenne de la construction des grands navires de croisière. Au micro d'Europe 1 mercredi, la secrétaire de la section FO Nathalie Durant-Prinborgne a témoigné de son opposition au rachat : "On ne veut pas de Fincantieri à la barre de cette entreprise."

Le syndicat se dit notamment "en désaccord avec le contrat […] de transfert de technologie avec le chantier chinois CSCC". Dans ce contexte, le report accordé par le gouvernement fait encore grimper d’un cran la lassitude des salariés des chantiers. "C’est un feuilleton qui ne va jamais se finir à ce rythme-là", tempête Nathalie Durant-Prinborgne. "Ça va faire trois ans que ça dure. Il est temps, pour les salariés, les sous-traitants et nos clients, que cette histoire prenne fin une bonne fois pour toutes."

"Nous sommes une entreprise saine"

Selon Nathalie Durant-Prinborgne, en creux se dessine l’étiolement de l’activité des chantiers. "Nous avons peur de nous retrouver à ne faire que du paquebot. Et ça, nous savons que ce n’est plus possible pour un chantier comme le nôtre." La déléguée syndicale anticipe l’absorption totale des chantiers de l’Atlantique par un de ses concurrents directs. "Nous voyons comment ça se passe quand il y a un rapprochement entre deux concurrents. Généralement il y en a toujours un qui écrase l’autre complètement", regrette-t-elle.

Le syndicat réclame désormais le maintien de l’Etat comme actionnaire majoritaire, "avec l’actionnariat tel qu’il est aujourd’hui". Nathalie Durant-Prinborgne fait pour cela valoir la viabilité du site : "Nous sommes une entreprise saine avec des comptes à l’équilibre, ce feuilleton n’a que trop duré, il est temps d’y mettre un terme."