Carburants : urgences, supermarchés... Comment la pénurie risque de perturber le pays

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Gauthier Delomez
De plus en plus d'automobilistes se retrouvent confrontés à des difficultés pour s'approvisionner en carburant. Des difficultés partagées par le monde du travail, et notamment tout ce qui concerne le transport. Dans "Europe midi", le délégué général de l'Organisation des transporteurs routiers européens évoque une situation "critique".

La France est à court de carburants ces derniers jours. En raison de plusieurs facteurs, notamment de la grève dans les raffineries de TotalEnergies, les automobilistes et nombre de secteurs économiques éprouvent des difficultés à remplir leur réservoir. Une situation que décrit Jean-Marc Rivera, délégué général de l'Organisation des transporteurs routiers européens (Otre), dans Europe midi. "À l'heure actuelle, la situation devient critique", tonne-t-il au micro de Romain Desarbres.

Le risque d'un pays à l'arrêt

"Pour pouvoir circuler, nos véhicules ont besoin de carburant (...). Ce n'est pas un caprice des transporteurs de vouloir absolument que nos véhicules circulent, mais chacun doit comprendre que si demain, nos ambulances ne sont pas alimentées, ce sont tous les services d'urgences hospitalières qui vont être fragilisés", poursuit Jean-Marc Rivera, énumérant d'autres secteurs touchés. "Si nos autocars n'ont plus de carburant, c'est le transport scolaire qui sera impacté. Si ce sont les poids lourds, ce sont les rayons des supermarchés qui ne seront pas alimentés. Ce sont des pans entiers d'industries qui ne pourront pas travailler faute de matières premières."

Le délégué général de l'Otre explique que les entreprises ont différents moyens pour accéder aux carburants. Certaines détiennent du vrac, des cuves, et "pour celles-ci depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour certaines d'entre elles, les délais de livraison de ces carburants se sont rallongés, les quantités livrées sont très faibles", évoque-t-il, prenant l'exemple d'une commande à 10.000 litres qui se finalise par une livraison de 3.000 litres. "Et surtout, le prix d'achat à la cuve est extrêmement élevé", souligne Jean-Marc Rivera.

Le réseau professionnel en manque de carburant

La deuxième difficulté selon le délégué général est le réseau professionnel. "Il existe un réseau professionnel de pompes que l'on appelle As24 qui dépend du réseau TotalÉnergies. Ce réseau est aujourd'hui en rupture sur une très grande majorité des pompes", affirme-t-il sur Europe 1. Jean-Marc Rivera note enfin que l'accès interdit ou le rationnement à certaines stations-service posent de vraies difficultés au secteur du transport routier.

"Si aucune mesure corrective n'est mise en œuvre rapidement pour permettre à nos véhicules professionnels d'avoir un accès plus facile au carburant, il va y avoir des difficultés", appuie le délégué général de l'Otre, qui en a fait la demande auprès du ministère des Transports. "Nous voulons que le carburant, qui va arriver des stocks stratégiques et des pays voisins serve à alimenter les stations-service et sur lequel nous demandons l'accès", rapporte-t-il, informant également qu'il avait eu la garantie que le réseau professionnel soit alimenté par ces nouvelles livraisons.