Bus, TGV : avec "Oui", la SNCF renforce son offre low cost

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L’ouverture à la concurrence n’est pas encore achevée que la SNCF perd déjà des parts de marché. La compagnie ferroviaire riposte en renforçant son offre à bas coût.

La SNCF se devait de réagir : ses TGV sont de moins en moins rentables et la concurrence des vols low cost, du covoiturage et depuis peu de l’autocar se fait de plus en plus pressante. Plutôt que de subir cette concurrence à bas coûts, la SNCF a décidé de jouer sur le même registre. La compagnie ferroviaire a en effet dévoilé jeudi sa nouvelle offre low cost axée sur le développement de Ouigo et Ouibus. Au risque de se concurrencer elle-même.

"Oui" devient le label du low cost à la SNCF. La SNCF avait déjà mis un pied dans le secteur du transport à prix bradé, mais des moyens limités : elle lançait l’offre IDBus en 2012 puis Ouigo en 2013. Ce qui n’était qu’une expérimentation est désormais un axe stratégique de développement : "on assume à 100% que c'est l'offre low cost de la SNCF", a commenté le président de la SNCF Guillaume Pepy. Et ce dernier de faire le parallèle avec "la révolution qu'a connu l'aérien avec le low cost" et évoquant un "important tournant dans la vie de la SNCF".

Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF, a filé la même métaphore en évoquant un "EasyJet de la SNCF, parce (qu'elle) pense que l'esprit, c'est celui-là". L’entreprise a donc décidé d’y mettre les moyens et de la cohérence. En commençant déjà par renommer son offre de transports en autocar : IDBus s’appelle désormais Ouibus et devient le pendant de l’offre Ouigo. Mais le changement va bien plus loin.

Des Ouigo vers le Nord et l’Ouest. Après avoir testé cette formule qui consiste à desservir les gares excentrées et à faire payer le moindre service (les bagages supplémentaires par exemple), la SNCF a fait un premier bilan et il est à ses yeux concluant : ce service est désormais rentable et attirerait des clients qui n’auraient pas pris un TGV classique à cause de son prix.

Cette offre va donc être renforcé : les Ouigo ne se contenteront plus de desservir Lyon et Marseille, mais iront dans le nord et l'ouest dès 2016 avec huit nouvelles gares desservies: Tourcoing, TGV Haute Picardie, Nantes, Rennes, Le Mans, Angers, Roissy Charles de Gaulle TGV et Massy TGV.

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Des Ouibus partout où c’est possible. Si la SNCF a décidé de muscler l’offre Ouigo, c’est du côté des Ouibus que l’effort est le plus conséquent : triplement de la flotte d'autocars et doublement de la taille de l'entreprise et de son offre en 2016. L’objectif est de pouvoir "proposer 4 millions de voyages à partir de 5 euros avec 130 liaisons vers 46 destinations".

Officiellement, la SNCF veut concentrer l’offre Ouibus sur des "axes peu couverts par le train, des bassins excentrés et mal desservis, des trajets très investis par le co-voiturage". Des axes sur lesquels le covoiturage est tout simplement moins cher et parfois plus rapide, ce qui a poussé la SNCF à réagir.

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Un risque de perdre ce que l’on gagne par ailleurs. Cette priorité accordée à l’offre low-cost présente néanmoins un risque : détourner un peu plus les voyageurs de l’offre TGV classique, dont les prix augmentent sensiblement plus vite que l’inflation depuis le début des années 2000. Sans oublier un problème général de lisibilité des tarifs depuis l’introduction du yield management (des tarifs qui varient selon la date, l’offre et la demande, etc.).

La SNCF assure que ce n’est pas le cas et que l’offre "Oui" va permettre de séduire de nouveaux clients. Mais en interne, on redoute d’affaiblir un peu plus certaines liaisons ferroviaires avec des bus géré par des sous-traitants aux conditions de rémunérations bien moins avantageuses que celles de cheminots. Pour éviter de donner l’impression que la TGV est désormais l’offre la plus cher pour se déplacer au sol, l’entreprise promet de tripler le nombre de billets "petits prix" d’ici trois ans.