Le congé paternité pourra bientôt durer jusqu'à 28 jours, "dont 7 obligatoires" 1:47
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Olivier Samain et Eve Roger , modifié à
Même si la Sécurité sociale doit en assurer la prise en charge, l'allongement du congé paternité pourrait obliger certaines entreprises à mettre la main au portefeuille pour compenser une éventuelle baisse de la rémunération. La mesure inquiète également les petites structures quant à ses conséquences sur leur productivité.

La durée du congé paternité va doubler et passer à 28 jours, a annoncé l’Elysée mardi. Parmi lesquels "7 jours obligatoires", a précisé Emmanuel Macron sur Instagram, à l’issue du Conseil des ministres. Réclamé de longue date, notamment par des élus de gauche ou écologistes, mais aussi des associations féministes qui y voient une mesure favorable à l’égalité femme-homme, cet allongement devraient être pris en charge par la Sécurité sociale. Toutefois, certains économistes s’inquiètent d’un éventuel surplus à la charge des entreprises et des conséquences en matière d’organisation du travail, notamment dans les petites structures.

La Sécurité sociale paie... jusqu'à un certain plafond

"Ça n’est pas l’entreprise qui payera la plus grosse partie du coût de ce congé, mais la Sécurité sociale, jusqu’à un certain plafond", tente de rassurer auprès d’Europe 1 Hélène Périvier, membre de l’Observatoire français des conjonctures économiques. "Au-delà de ce plafond, selon les conventions collectives, les entreprises payent le surcoût pour qu’il n’y ait pas de perte de salaire", précise-t-elle. 

Selon elle, cette dépense ne représente en rien une menace pour les équilibres budgétaires des sociétés, grâce à certains ajustements. "Il y a d’autres droits sur lesquels on pourrait revenir, par exemple le congé de trois jours pour mariage. On pourrait revenir sur ça pour permettre aux entreprises de financer l’allongement du congé parental", argue-t-elle.

Une difficulté pour les artisans ?

François Asselin, le président de la Confédérations des petites et moyennes entreprises, s’inquiète d’avantage du chamboulement induit pour les plus petites structures. "Nous ne sommes absolument pas opposés au fait de pouvoir élargir les congés parentaux, mais attention : pour les petites entreprises, il y aura des problèmes d’organisation concrets et qui resteront sans solution", assure-t-il. "Lorsque vous êtes artisan-boulanger, par exemple, que vous n’avez qu’un seul salarié et qu’il vous quitte pendant 28 jours, vous n’aurez pas de solution, à moins d’essayer de compenser à vous seul son absence pour continuer à faire tourner votre commerce."

"Personne n’est irremplaçable pendant un mois", objecte Hélène Périvier. "Tout cela se prévoit en amont. L’arrivée d’un enfant s’anticipe plusieurs mois à l’avance. En termes d’organisation du travail, des solutions peuvent être trouvées assez facilement", conclut-elle.