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Julien Holtzer
Depuis quelques années, la fréquentation des Champs-Élysées ne cesse de péricliter. Si l'épidémie du Covid-19 y a largement contribué, la fracture est en réalité bien plus ancienne. Pour tenter de se renouveler, le comité des Champs-Élysées compte redessiner le paysage urbain de l'avenue et attirer une population plus locale.
INTERVIEW

Depuis quelques années, les Champs-Élysées ont connu une forte baisse de fréquentation : 15.000 personnes se baladaient sur l’avenue à la fin du premier confinement contre 150.000 avant la crise. La faute au Covid-19, donc, qui a empêché la venue des touristes, mais aussi aux gilets jaunes et aux attentats du 13 novembre 2015.

Malgré ces évènements qui ont terni l’image de la ville, les Champs-Élysées sont en train de se renouveler à en croire Marc-Antoine Jamet, le président de son comité, dans la matinale d’Europe 1. "On sent qu’il y a manifestement une renaissance de l’immobilier, des boutiques, de la fréquentation, de la diversité, de l’animation culturelle des Champs-Élysées […] Je vois un dynamisme qui existe, une volonté d'investir sur les Champs-Élysées, des choses qui se créent." Parmi cette "renaissance", l'installation de Nike et Apple notamment sur la plus célèbre avenue au monde. 

Une avenue "luxueuse et populaire" ?

Pour apporter un nouveau souffle et attirer de nouveau le public local, le comité des Champs-Élysées entend redonner l’envie aux Franciliens de s’y balader (et de consommer). "Les Champs-Élysées, c'est une avenue universelle qui appartient au monde et une avenue parisienne qui appartient à la capitale. Ça ne doit pas être que le luxe : elle doit être luxueuse et populaire, il faut qu’il y ait tout le monde", assure Marc-Antoine Jamet. "La gastronomie, le luxe, la culture, le cinéma... mais aussi des enseignes de sympathie et de proximité", voilà ce que veut voir le président du comité sur la plus belle avenue du monde.

Mais l’équilibre sera difficile à trouver, puisque pendant des décennies, la priorité a été donnée aux boutiques de luxe, censées attirer des touristes fortunés. La vacance des locaux a d’ailleurs bondi de 1% à 6,8% depuis 2015. Sans compter le fait que les loyers exorbitants seront naturellement un frein à l’implantation de commerces dits de proximité. De plus, en raison du standing de l'avenue, difficile d'imaginer des artisans indépendants venir lui "redonner une âme", à l'image de ce que l'on pourrait voir dans une petite bourgade de campagne.

Un paysage urbain à redessiner

Pour attirer de nouveau les Parisiens sur les Champs-Elysées, il faudra donc (aussi) redessiner le paysage. Des discussions sont d'ailleurs en cours pour renouveler l’architecture urbaine. "Il y a des choses qui sont évidentes : remettre des grilles d’arbres, réfléchir aux fonctionnalités de la ville moderne. Elle doit être un peu numérique, un peu digitale, très écologique, technologique et en même temps être traditionnelle et patrimoniale", affirme Marc-Antoine Jamet au micro de Dimitri Pavlenko.

Pour ce faire, le comité devra collaborer étroitement avec la mairie de Paris. À entendre Marc-Antoine Jamet, les désaccords sont encore nombreux et les discussions s’annoncent âpres. "Il y a un problème de méthode avec la mairie de Paris, on ne peut pas avoir des décisions unilatérales. Je pense notamment aux décisions de circulation, à l'accessibilité des Champs-Élysées", égrène-t-il, avant de faire passer un message à Anne Hidalgo. "Ce que je souhaiterais, c’est que le partenariat public-privé ne soit pas un partenariat où le public dit et où le privé suit. C'est un partenariat où on s'entend. Je souhaite qu'il n'y ait pas trop de décisions unilatérales". La transformation des Champs, ce n’est pas pour maintenant.