Votre marque préférée fait-elle ce qu'il faut pour moins polluer ?

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ECONOMIE RESPONSABLE – Greenpeace a fait un bilan de son initiative Detox, qui incite l’industrie du textile à moins polluer. Tout le monde ne joue pas le jeu.

Porter des habits bien taillés, c’est bien. Porter des habits fabriqués dans de bonnes conditions salariales et environnementales, c’est mieux. Mais il est aujourd’hui difficile de savoir comment sont fabriqués les habits que l’on porte. L’ONG Greenpeace a donc lancé en 2011 l’opération Detox, pour inciter les grandes entreprises du textile à modifier leur procédé et réduire l’utilisation de produits chimiques et polluants (phtalates, PFC, NPE, etc.) qui se retrouve ensuite dans l’eau. Quatre ans plus tard, c’est l’heure du bilan : l’ONG a vérifié si les entreprises qui s’étaient engagées ont tenu leur promesse. Le bilan est en demi-teinte : si de grandes marques ont accepté de faire des efforts, les plus chics et les plus rentables ne jouent pas le jeu.

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Quand Greenpeace félicite de grandes marques. C’est assez rare pour être souligné : dans son rapport, l’ONG distribue les bons points et félicite 16 grands groupes. Après s’être "engagées à prendre des mesures pour cesser d’utiliser des produits toxiques dangereux" ces entreprises "ont réalisé des progrès tangibles" pour réduire la pollution générée par leurs activités. A en croire Greenpeace, ces marques ont vraiment joué le jeu puisqu’elles ont réalisé des "progrès en matière de transparence et de publication de données, notamment provenant de leurs fournisseurs".

Qualifiées de "leaders de la Detox", ces entreprises sont des poids lourds de l’industrie du textile : Levi’s, Adidas, Puma, Mango, Benetton, C&A, G-Star Raw, Esprit, Valentino, Primark, Limited Brands (Victoria’s Secret) et Burberry. Sans oublier les mastodontes Inditex (Zara, Pull and Bear, Massimo Dutti, Bershka, etc.), H&M, Fast Retailing (Uniqlo, Comptoir des cotonniers, Princesse tam tam, etc.). Des marques présentes dans la plupart des garde-robes et dont l’influence est conséquente pour pouvoir inciter le reste du secteur à évoluer.

Nike et LiNing, des promesses mais pas d’action. Mais cet effet d’entrainement n’a visiblement pas été assez fort pour deux entreprises, Nike et le Chinois Li-Ning. Ces dernières s’étaient bien engagées en 2011 à faire des efforts pour l’environnement mais les actes n’ont pas suivi la parole : Greenpeace les qualifie donc de "greenwashers" dont l’engagement écologique n’est que de façade.

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Le secteur du luxe ne joue pas le jeu. Mais le classement de Greenpeace devient encore plus surprenant lorsqu’il s’agit des cartons rouges distribués, puisqu’un secteur en particulier est ciblé : le luxe, dont les marges sont parmi les plus élevées au monde mais qui, malgré des moyens financiers conséquents, ne fait rien pour réduire leur pollution.

On retrouve dans cette catégorie la plupart des marques les plus prestigieuses : Hermès, Versace, Giorgio Armani, Dolce & Gabbana, PVH (Calvin Klein, Tommy Hilfiger, DKNY, Nautica, Arrow, Sean John, Michael Kors, etc.), Diesel, Gap, Bestseller (Vera Moda, Jack & Jones, etc.), Vancl et Metersbonwe. Sans oublier l’entreprise la plus emblématique, le Français LVMH, qui détient une myriade de marques de luxe (Louis Vuitton, Berluti, Céline, Dior, Fendi, Givenchy, Kenzo, Marc Jacobs, Loewe, etc.).

Une publicité qui fait aussi bouger les Etats. En utilisant la stratégie du "Name and shame" ("nommer et blâmer publiquement" en français), Greenpeace permet aux consommateurs de prendre conscience des méthodes utilisées pour fabriquer leurs habits. Et, indirectement, de faire monter la pression sur les gouvernements pour que la situation évolue. Une action de lobbying qui a permis de renforcer certaines réglementations : à titre d’exemple, l’Union européenne est en train de bannir certaines substances chimiques tandis que la Chine commence à en encadrer l’usage et met en place des outils de mesure.