Toujours plus de CDD, toujours plus courts

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avec AFP , modifié à
PRÉCARITÉ - Les chiffre de l’Insee sont formels : les contrats à court terme ne cessent de se généraliser.

L’info. Les gouvernements se succèdent mais le credo reste inchangé : l’emploi est la priorité de la France. Mais de quel type d’emploi s’agit-il ? L’Insee s’est penché sur la question et a étudié Trente ans de vie économique et sociale. Son bilan a de quoi inquiéter les plus jeunes : les contrats de courte durée sont de plus en fréquents et les CDI toujours plus rares. Pire, on assiste à la formation d’une "trappe" à emploi précaire : une fois en contrat à court terme, il est de plus en plus difficile d’en sortir et de rejoindre les emplois pérennes.

Plus de CDD, moins de CDI. "L’ancienne norme d’emploi que constituait le contrat à durée indéterminée (CDI) s’est lentement érodée au profit de l’émergence de contrats temporaires, notamment les contrats à durée déterminée (CDD) et les missions d’intérim. Ainsi, entre 1982 et 2012, la part des CDI dans l’emploi salarié a baissé de 94 % à 87 %. Dans le même temps, la part des CDD a doublé, passant de 5 % à 10 %", note l'Insee.

Des CDD plus courts, des CDI plus longs. Non seulement les CDD et les contrats en intérim sont plus fréquents, mais en plus leur durée s’est raccourcie. Entre 1982 et 2011, leur durée a été divisée par trois, de 3 à 1 mois. A l’inverse, les personnes en CDI quittent plus difficilement leur emploi : alors qu’un employé en CDI passait en moyenne 6 ans à son poste en 1982, il y restait 10 ans en moyenne en 2011.

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"Tout ceci suggère que le fonctionnement du marché du travail se rapproche d'un modèle segmenté, où les emplois stables et les emplois instables forment deux mondes séparés", indique l'étude. Ainsi, au début des années 1980, la moitié des salariés en CDD, intérim ou stage étaient en CDI l'année suivante. Aujourd'hui, à peine plus d'un cinquième suivent le même chemin. Les emplois instables jouent de moins en moins le rôle de "tremplin vers l'emploi stable", mais deviennent au contraire "une trappe pour ceux qui les occupent", a décrypté l'auteur de l'étude, Claude Picart, lors d'une conférence de presse.

Qui est le plus concerné par ces emplois précaires ? Sans surprise, ce sont les femmes et les jeunes. En 2012, une femme a 50% plus de chance d’être en CDD qu’un homme : près de 12% contre 8% pour l’autre sexe.

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Les jeunes connaissent la même injustice : si 10% de la population est en CDD, le chiffre grimpe à 27% chez les moins de 25 ans. Quant à l’emploi en intérim, ce n’est pas mieux  : il "représente 6 % de l’emploi salarié des jeunes, contre 2 % pour les 25-49 ans et 1 % pour les 50 ans ou plus", précise l’étude.

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