Total : pas de risque de pénurie

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Europe1.fr (avec François Coulon et Emilie Nora) , modifié à
Le mouvement de grève illimitée a commencé, mais l’essence ne devrait pas manquer à la pompe.

Le débrayage a commencé. L'arrêt progressif des raffineries de Total a débuté vendredi dans le cadre d'une grève illimitée des salariés pour l'avenir de leur activité, direction et gouvernement assurant toutefois qu'il n'y a "pas de risque de pénurie" de carburant à court terme, à la veille de vacances.

Entre 10 et 20 jours de stocks

"Les manoeuvres d'arrêt des raffineries sont enclenchées. A ce stade, il n'y a pas de risque de pénurie", a indiqué la direction du groupe pétrolier. Le "risque de pénurie" n'est "vraiment pas un argument qu'il faut utiliser", a aussi affirmé la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

D'après l'Union française des industries pétrolières (Ufip), les stocks de carburants représentent entre 10 et 20 jours de consommation et il faut "que les automobilistes aient un comportement normal, ils trouveront du carburant sur la route".

Des tensions à prévoir

A la raffinerie de Feyzin (Rhône), le directeur avait cependant admis jeudi que "si la grève continue, il y aura des tensions dans la région Rhône-Alpes dans les prochains jours". Total assure environ la moitié de l'approvisionnement des stations-service françaises.

A l'opposé, les grévistes de Feyzin promettent la pénurie et affichent leur solidarité avec la raffinerie de Dunkerque :

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a contacté vendredi le PDG de Total, Christophe de Margerie, pour lui demander de "rassurer très rapidement les salariés". Ceux-ci ont voté jeudi en assemblées générales en faveur d'une "grève illimitée" et de l'arrêt total de certaines unités dans les six raffineries françaises du groupe pétrolier: Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Grandpuits (Seine-et-Marne), Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) et Dunkerque (Nord).

Arrêt complet lundi soir

Pour arrêter les raffineries, "on n'appuie pas sur un bouton: les salariés demandent la procédure d'arrêt et respectent des consignes de sécurité", a expliqué la CFDT, à l'initiative du mouvement national depuis mercredi aux côtés de la CGT, FO et Sud. Les syndicats ont évoqué des arrêts complets dès lundi soir à Donges ou mardi matin à Grandpuits.

Selon Charles Foulard (CGT), "au bout de cinq jours d'arrêt, il peut y avoir un début de pénurie d'essence dans les stations-services". Mais, pour la CFDT, "compte tenu que, depuis mercredi, les expéditions ont déjà cessé et que le débit des raffineries a été réduit au minimum, le processus pourrait être plus rapide". La grève touche aussi des dépôts, 7 sur 31 vendredi selon la direction, ce qui peut compliquer l'approvisionnement dans certaines régions.

Menace de grève étendue

Le ministre de l'Industrie a rappelé au PDG de Total, qu'il recevra ce week-end, "qu'il était hors de question en l'état de fermer la raffinerie des Flandres", près de Dunkerque, sans projet alternatif, "ni, évidemment, d'en fermer aucune autre en France".

Ce dernier site, à l'origine du conflit national, est menacé de fermeture. Ses salariés sont déjà en grève depuis un mois et occupent les locaux administratifs depuis mardi.

"C'est tout le bassin économique de Dunkerque qui va souffrir", s'inquiète Dimitri Guiller, délégué CFDT de Total à Donges :

Le conflit s'est de nouveau teinté de politique vendredi, le Modem du Nord/Pas-de-Calais, qui a appelé mardi au boycott des stations Total, ayant appelé François Bayrou et l'ensemble des listes Modem à rejoindre son initiative. La grève menace de s'étendre aux sites français d'ExxonMobil, la CGT du groupe ayant "décidé d'interpeller les salariés" des raffineries de Port-Jérôme (Seine-Maritime) et de Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône) ainsi que des usines pétrochimique et chimiques de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) "pour qu'ils rejoignent" les salariés de Total "en lutte pour l'avenir du raffinage".