Retraités : leur pouvoir d'achat menacé

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Sophie Amsili et Olivier Samain , modifié à
La revalorisation des retraites complémentaires serait en-dessous du niveau de l'inflation.

L'info. Alors que s'ouvre vendredi une nouvelle séance de négociations sur les retraites complémentaires, patronat et syndicats s'orientent vers un accord qui devrait pénaliser le pouvoir d'achat des retraités. Le montant des pensions de retraite complémentaire (le régime Arrco pour tous les salariés du privé, auquel s'ajoute l'Agirc pour les cadres) devrait en effet augmenter moins que l'inflation le 1er avril prochain.

Une première. Les pensions de l'Arrco ont jusqu'à présent toujours suivi la hausse des prix. Celles de l'Agirc ont subi seulement quelques coups de frein dans les années 90. Mais une indexation sur l'inflation reste la règle : cette année, les pensions de retraites complémentaires ont ainsi été revalorisées de 2,3%, quand l'indice des prix à la consommation progressait de 2,1%.

Pourquoi une telle décision ? Les réserves de l'Agirc et de l'Arrco seront bientôt à sec, respectivement en 2016 et en 2020. Leur déficit devrait ainsi dépasser les 10 milliards d'euros en 2017. Fin novembre, le Medef avait proposé de geler les pensions pendant trois ans, une mesure qui aurait rapporté 420 milliards d'euros d'ici à 2017. Une option jugée "régressive" par la CGT.

Qu'en disent les syndicats de salariés ? La plupart se sont résignés à cette solution (CFDT, FO, CFTC et CGC), mais sous conditions : une hausse des cotisations patronales pour certains, des mesures pour épargner les retraités les plus modestes pour d'autres. Seule la CGT continue de s'opposer à toute mesure se traduisant par une baisse du pouvoir d'achat des retraités. "Cette perte de pouvoir d'achat, nous 'lassumerons, sous la condition express que le patronat mette de la cotisation supplémentaire dans les régimes de retraite Agirc et Arrco", a précisé Philippe Pihet, président FO de l'Arrco vendredi matin sur Europe 1. "Les retraités devront malheureusement se serrer la ceinture. (...) plutôt que de voir disparaître à terme les complémentaires", a-t-il justifié. Si on prend ces solutions extrêmes, on va revenir à l'équilibre technique. on pourra repartir sur des bases d'augmentation, de maintien de pouvoir d'achat. Ce n'est pas à vie évidemment"

Le gouvernement veut rassurer. "Le pouvoir d'achat est notre préoccupation", a réagi Pierre Moscovici, ministre de l'Economie sur Europe 1 vendredi matin. "Ne vous en faites pas pour les retraités. Les Français savent et doivent savoir que ce gouvernement veut défendre leur pouvoir d'achat", a-t-il assuré.