Privé de pub, le poker en ligne se paye un "buzz"

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Antoine Bayet , modifié à
Contournant la loi, PokerStars, un site de poker en ligne, lance un concours pour recruter un joueur, et, surtout, se faire connaître.

Etre payé plus de 8.000 euros par mois pour faire le tour du monde et jouer au poker. Non, vous ne rêvez pas, l’offre d’emploi, diffusée le 23 septembre sur les sites du réseau regionsjob.com, est authentique.

Salaire très confortable pour un job "de rêve", site internet dédié à la sélection du futur poulain, processus de sélection avec "vidéo de présentation" obligatoire, étapes multiples (sélection de 100 puis de 10 candidats) : l’annonce rappelle, point par point, le très médiatisé concours lancé pour le "meilleur job du monde", au début de l’année 2009, par l’office de tourisme du Queensland, en Australie.

Là encore, l’objectif est le même : au-delà du recrutement de ce joueur professionnel, sous un contrat de droit anglais, il s’agit de faire connaître le promoteur de la campagne, anonymisé sur l’annonce – "le leader mondial du poker en ligne", peut-on simplement y lire.

A une particularité près : cette opération, commandée par PokerStars -le fameux recruteur-et réalisée par l’agence Carré & Co, agence française spécialiste du marketing autour du poker, se passe sur le mode "viral" car les activités de casino en ligne sont aujourd’hui officiellement interdites en France. Et, a fortiori, toute publicité autour de ces activités.

Diffuser une offre d’emploi sur internet et monter une opération dédiée permet donc à PokerStars, dont le siège social se trouve sur l’Île de Man, dépendance de la couronne britannique au régime fiscal avantageux, de faire parler d’elle en échappant aux contraintes habituelles liées à la publicité.

Le timing a été soigneusement étudié : le contrat d’un an du joueur de poker sélectionné débutera mi-2010, précisément au moment où le cadre juridique encadrant les jeux en ligne doit évoluer. La marche vers une plus grande libéralisation est en effet prévue "d’ici juin 2010", selon la promesse d’Eric Woerth, ministre du Budget, et le poker en ligne fera partie des activtés autorisées.

"Cette opération est la première fusée lancée par Pokerstars" en vue de la libéralisation du marché des jeux en ligne, reconnaît Juliette d’Orleix, qui gère la communication autour de l’opération. Signe que celle-ci se passe sous un régime particulier : il n’est pas prévu, pour l’instant, d’annoncer officiellement l’implication de l’entreprise dans la campagne.

"Mais il est très facile de trouver le lien entre la campagne et PokerStars en surfant sur Internet", ajoute Juliette d’Orleix. Et, de fait, lesannoncesdiffuséessurlessites spécialisés dans le poker sont beaucoup plus bavardes que celle diffusée version grand public.

Quelles sont alors les chances pour un quidam, familier du poker sans en être un grand spécialiste, de décrocher le fameux job, d’autant que le recrutement se fait également, en parallèle, chez les internautes déjà clients de PokerStars ?

"On ne cherche pas forcément quelqu’un très médiatisé et déjà dans le circuit ", promet la salariée qui, chez Carré & Co, reçoit et "trie" toutes les candidatures. "Et puis … le facteur chance compte toujours au poker", lance Juliette d’Orleix. Mardi, Carré & Co assurait avoir reçu plus de 1500 candidatures.