Prime aux salariés : "de la fumisterie"

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avec Pascal Berthelot et agences , modifié à
Les syndicats et le PS sont critiques. Le Medef, finalement rassuré par les limites du système.

Après avoir été dévoilé la semaine dernière par le ministre du Budget François Baroin, le projet de prime dans les entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires se précise. Elle ne concernera que les firmes où le montant des dividendes augmente et ne sera exonérée de charges sociales que jusqu’à 1.000 euros.

Des précisions qui n’ont pas convaincu syndicats et opposition, qui dénoncent une opération de communication, mais rassuré un Medef qui redoutait un dispositif trop coûteux.

"C'est purement de la poudre aux yeux"

"Je trouve choquant de partir d'une situation qui blesse les Français, ils sont en train de perdre du pouvoir d'achat, et de leur faire croire qu'il y a une solution. Cette solution, c'est purement de la poudre aux yeux", a réagi l'ancien ministre socialiste de l'économie Michel Sapin, lundi matin sur Europe 1.

Et le député-maire et secrétaire national à l'économie au PS de décrypter : "ce que dit Xavier Bertrand est très en recul par rapport à ce que disait un autre ministre il y a quelques jours : maintenant, c'est quand les dividendes vont augmenter. Donc si les dividendes étaient très élevés et qu'ils n'augmentent pas cette année, alors là il n'y aura pas du tout droit à la bienveillance vis-à-vis des salariés".

"On est dans la fumisterie", estime la CGT

Même scepticisme du côté des syndicats. Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a dénoncé une manœuvre électoraliste et même évoqué "un bulletin de vote à 1.000 €". "On est dans la fumisterie au niveau de la communication", a renchéri Maurad Rahbi, membre de la direction confédérale de la CGT. Ce qu'il regrette ? Le fait que la mesure ne concerne plus que les entreprises qui voient leurs bénéfices augmenter. A titre d'exemple, "il faudrait d'abord que Total fasse au-delà de 10 milliards d'euros de bénéfices pour que les salariés puissent espérer un mécanisme qui déclencherait une prime de 1.000", déplore Maurad Rabhi.

"Le fait que le gouvernement reparle du pouvoir d’achat, c’est déjà qu’il a conscience qu’il y a un problème", a estimé lundi sur Europe 1 le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly. Mais le syndicaliste n’est pas convaincu que le projet de prime aux salariés des entreprises réponde au problème du pouvoir d’achat puisque "cette prime est par définition sélective".

Le Medef se dit rassuré

A l’inverse, la patronne du Medef a été apaisée par les dernières précisions du gouvernement. Laurence Parisot a jugé lundi "rassurants" les propos de Christine Lagarde, qui venait de se dire hostile à un montant obligatoire pour la prime. "Oui, c'est une bonne nouvelle", a-t-elle commenté sur France Inter.

La patronne du Medef avait exprimé la semaine dernière sa "stupéfaction" devant une mesure "incompréhensible", lorsque les premières informations sur le projet gouvernemental étaient apparues, et notamment l'évocation d'un montant minimal de 1.000 euros pour la prime envisagée.