Pisani-Ferry : "ce serait paradoxal" de supprimer les 35h

Les économistes Jean Pisani-Ferry (ci-dessus) et Henrik Enderlein ont remis jeudi leur rapport présentant des pistes pour la croissance pour les deux pays.
Les économistes Jean Pisani-Ferry (ci-dessus) et Henrik Enderlein ont remis jeudi leur rapport présentant des pistes pour la croissance pour les deux pays. © Europe1
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INTERVIEW - Les auteurs du très controversé rapport franco-allemand étaient vendredi les invités d'Europe1.

Comme promis, ils ont rendu leur copie à Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel, les ministres de l’Économie français et allemand. Les économistes Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein, ont en effet présenté jeudi des pistes pour la croissance dans les deux pays. Ils étaient vendredi les invités d'Europe1. 

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Un rapport moins "choc" que prévu. Leur texte demande notamment un effort européen d'investissement plus significatif. Mais il pointe aussi le "manque d'audace" de la France. Il ne demande pas, en revanche, le gel des salaires pendant trois ans et la fin des 35h, comme cela avait affirmé en début de semaine par le journal allemand Der Spiegel.

"On ne demande pas le gel des salaires dans les entreprises. Simplement, la loi oblige de renégocier les salaires tous les ans. On pourrait passer à une renégociation obligatoire tous les trois ans. On ne peut pas augmenter les salaires plus vite que les progrès de l'économie", explique Jean Pisani-Ferry. "Ce serait paradoxal de demander la fin des 35h. En Allemagne, certains secteurs sont aux 35h", renchérit l'économiste.

L'Allemagne ne va pas si bien. Le rapport dénonce également "le contentement excessif" de l'Allemagne. Et pour Henrik Enderlein, l'Allemagne ne va pas aussi bien qu'on le dit. "Le chômage est à 7,7%, ce n'est pas non plus très bas. Le pays est en train de vieillir. Il n'a pas assez investi, moins de 40% du PIB par an. Le financement des écoles, des routes... En France, ça va plutôt bien pour ça. Moins en Allemagne", détaille l'expert, pour qui il y a aussi des inégalités à régler. "La femme allemande travaille relativement peu. Il n'y a pas d'incitations pour qu'elles retournent au travail", regrette-t-il par exemple.

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