"Le sport automobile, un formidable accélérateur de progrès"

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Jérémy Maccaud , modifié à
INTERVIEW - Fabrice Lom, de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), explique pourquoi l’arrivée de la technologie hybride au plus haut niveau de la compétition peut bénéficier à la voiture de M. Tout-le-monde.

Fabrice Lom, ancien ingénieur français chez Renault Sport F1, est depuis deux ans à la tête de la direction motorisation à la Fédération internationale de l’automobile (FIA). C’est cette dernière qui dicte la réglementation des différentes disciplines du sport auto. Et qui a imposé l’arrivée de la technologie hybride au plus haut niveau.

La Formule 1 vit en 2014 une révolution technique sans précédent en accueillant une double technologie d’hybridation. Les meilleures voitures participant aux 24 Heures du Mans y sont passées depuis 2012. Quel intérêt ont ces disciplines à subir de tels changements ? 

Le sport automobile, qu’il s’agisse de la Formule 1 ou des autres championnats, doit non seulement être le lieu de l’excellence et de la performance, mais aussi le laboratoire technologique de la voiture du quotidien. Il est essentiel que les réglementations techniques de nos compétitions s’adaptent aux évolutions en cours dans l’industrie automobile. C’est une demande des constructeurs eux-mêmes, qui souhaitent que les investissements et les innovations qu’ils réalisent pour leurs écuries sportives puissent, autant que possible, être transférables à leur activité industrielle. C’est encore plus vrai en période de crise, avec les contraintes budgétaires qu’ils connaissent.

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Le sport auto peut-il devenir "plus vert", plus "économique" ? 

C’est un moyen de montrer qu’il n’est pas indifférent aux grands problèmes de notre époque, comme l’environnement. Bien sûr, ce ne sont pas 22 F1 courant 19 courses qui vont changer le bilan carbone mondial. Mais notre sport a un devoir d’exemplarité car c’est un symbole. Il doit montrer le chemin. Parce que c’est un formidable accélérateur de progrès technologiques, qui peut profiter à l’ensemble de l’industrie automobile, le sport peut aider à faire la différence. Cela répond de nouveau aux besoins des constructeurs qui, sous la pression des consommateurs, souhaitent développer des véhicules plus propres, plus économes en énergie.

A quel niveau l’arrivée l’hybride en compétition peut profiter aux véhicules de tous les jours ?

Il y a toujours eu des allers-retours technologiques entre le sport et l’industrie automobile. Parfois, c’est le sport qui ouvre la voie. Je pense par exemple au formidable développement du moteur turbo grâce à la F1 dans les années 80. Alors qu’il s’agissait d’une technologie quasi confidentielle sur les voitures de série, il est devenu dominant de nos jours et indispensable pour des petits moteurs performants et économes. Dans d’autres cas, l’industrie montre le chemin, comme aujourd’hui avec les moteurs hybrides. Pour rester un laboratoire technologique, le sport s’adapte, et nous, la FIA, faisons évoluer les réglementations. Cela contribue aussi à renforcer la légitimité de ces technologies en montrant qu’elles sont compatibles avec la performance : la victoire d’Audi aux 24H du Mans 2012 avec un moteur hybride a contribué à changer l’image que l’on se faisait d’elle. Et à accélérer sa généralisation.