L’immobilier de luxe, un bon indicateur de l’exil fiscal

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Anne-Laure Jumet et
THERMOMETRE - De plus en plus de biens immobiliers de prestige sont à vendre en France, signe que les plus fortunés quittent le pays.

Année après année, le refrain revient : en raison d’une fiscalité jugée trop élevée, les plus fortunés quittent la France. Mais ce phénomène reste difficile à quantifier, à moins de passer par des biais détournés. Les professionnels de l’immobilier de luxe sont à ce titre un bon baromètre et ces derniers sont formels : il y a de plus en plus de biens en vente à Paris et en région parisienne, signe que les grosses fortunes françaises filent à l’étranger.

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De plus en plus de biens de prestige sont à vendre. Le leader de l'immobilier de luxe en région parisienne, Féau Immobilier, l’assure : chaque mois, plusieurs dizaines de clients frappent à sa porte pour mettre en vente leur logement et partir à l’étranger.

Un phénomène qu'on observe surtout dans une banlieue chic de la région parisienne, Neuilly-sur-Seine, ou encore dans certains arrondissements de Paris : les cossus XVIe et XVIIe, ou encore les historiques VIe, VIIe et VIIIe. A chaque fois, il s'agit de belles surfaces, au moins 200 ou300 mètres carrés, dont la valeur avoisine les 3 millions d’euros.

"Un véritable exode" qui provoque une chute des prix. Chez Sotheby’s Realty, le constat est identique : le phénomène s’accélère. "Sur la catégorie de bien petits hôtels particuliers ou des jolies maisons, il y a un véritable exode", confirme  Paulo Fernandes, qui dirige les agences de Sotheby’s Realty pour l’Ouest parisien.

Et ce dernier d’ajouter : "de très grosses fortunes sont parties il y a quelques années, maintenant on a aussi des professions ‘libérales’, des avocats d’affaires internationaux, qui ont déjà une succursale à l’étranger, notamment Londres par exemple, et qui partent travailler à l’étranger. Ce sont des fortunes qui n’excèdent pas 10 ou 20 millions".

Conséquence de cette multiplication de biens immobiliers de luxe mis à la vente à Paris et à Neuilly : l’offre est supérieure à la demande, ce qui provoque une baisse des prix. Le recul atteint de 10 à 20 %  sur ce type de biens très haut-de-gamme. Les professionnels du secteur l’assurent : il y a un vaste choix et des affaires à faire… si vous avez entre 4 et 6 millions d’euros à débourser.

Où partent ces grosses fortunes ? Sans surprise, la majorité d’entre eux partent pour des pays qui sont, au choix : des centres névralgiques de la finance internationale, des Etats fiscalement conciliants ou des pays ensoleillés. "On a des banquiers qui sont partis vivre à Hong Kong, Singapour et autres", témoigne ainsi Paulo Fernandes, de Sotheby’s Realty.

Un autre acteur spécialisé dans l’immobilier a, lui, carrément fait les comptes. Depuis juillet 2012, le groupe Barnes a reçu de ses clients 947 demandes pour trouver un logement en Suisse, 928 pour Miami, 892 pour Londres, 347 pour New York, 314 pour Bruxelles, 182 demandes pour Israël et 117 demandes pour le Portugal.

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