L’UE veut encadrer les fonds spéculatifs

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Les Européens se sont mis d’accord pour tenter de réguler les "hedge funds", une première.

Après avoir été fréquemment pointés du doigt pendant la crise financière, les "hedges funds", les fonds spéculatifs, sont dans le viseur de l’Union européenne (UE). Les ministres des Finances de l’Union, réunis à Bruxelles, ont en effet conclu mardi un accord sur un texte visant à mieux les encadrer. Ces établissements financiers, souvent basés dans les paradis fiscaux, jouent sur les variations à très court terme des marchés pour dégager des profits purement financiers.

Les ministres "se sont mis d'accord" sur une position pour "entamer des négociations avec le Parlement européen", qui participe aussi à la décision, afin de trouver un compromis sur ce projet de législation. "On comble une lacune dans la réglementation", s'est félicité le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, avant de conclure : "je crois qu'on va vite tomber d'accord avec le Parlement".

L’opposition britannique au projet

Le projet passe mal au Royaume-Uni. Ce projet de législation a en effet été adopté malgré l’opposition du nouveau gouvernement britannique de David Cameron, soucieux de protéger la City. Londres héberge 70% des fonds spéculatifs européens, accusés d'encourager la spéculation via des prises de risque importantes pour obtenir les rendements les plus élevés possibles.

Le précédent gouvernement du travailliste Gordon Brown avait obtenu en mars un report, pour éviter que cela lui nuise pendant la campagne des législatives britanniques. A peine installée, la nouvelle coalition au pouvoir, dirigée par le conservateur David Cameron, a donc hérité du sujet sensible.

Rudes négociations en perspective

Le projet de loi doit permettre réguler les fonds spéculatifs, mais aussi ceux de capital-risque ou d'investissement. A la lumière de la crise financière, qu'ils sont accusés d'avoir amplifiée, l'Union européenne a entrepris de réguler pour la première fois leur activité.

L’accord européen prévoit une plus grande transparence du secteur en échange de règles administratives allégées. Le texte refuse l’idée d’un "passeport" permettant aux fonds spéculatifs d'investir dans n'importe quel pays européen, une fois qu’ils ont été autorisés dans l'un d'eux.

Mais les analyses divergent sur les solutions à apporter. Le Parlement européen défend en effet une position plus libérale, plus proche des thèses britanniques. Ces derniers ont d’ailleurs déjà annoncé vouloir profiter de ces divergences. La prochaine bataille s'annonce difficile, d'autant que plusieurs dirigeants européens ont déjà évoqué leur souhait d'interdire certains produits dérivés, les CDS, jugés en partie responsables de la spéculation actuelle sur la dette publique des Etats, et sur lesquels Bruxelles a dit lundi vouloir faire toute la "lumière".

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