L’Angleterre veut encadrer la finance islamique

Londres voudrait racheter une virginité à sa place financière de la City.
Londres voudrait racheter une virginité à sa place financière de la City. © Maxppp
  • Copié
Damien Brunon
Londres aimerait capitaliser sur un secteur en plein boom qui pourrait redorer l’image de la City.

L’INFO. David Cameron, le Premier ministre britannique, veut recenser les possibilités d’investissement compatible avec les principes de l’Islam. Le secteur de la finance islamique croit en effet 50% plus vite que celui des banques classiques en Angleterre. C’est notamment pour ça que le Forum économique du monde islamique, l’équivalent du Davos de la finance islamique, s’ouvre mardi à Londres.

Dominer le marché. “Lorsque les investissements islamiques au niveau mondial doivent atteindre 1.300 milliards de livres sterling en 2014, nous devons nous assurer qu’une bonne part de ces investissements s’effectue en Grande-Bretagne”, estime David Cameron dans le discours qu’il devrait prononcer mardi au Forum économique du monde islamique. Le Premier ministre anglais annonce la couleur : l’Angleterre doit jouer un rôle central dans la finance islamique mondiale.

A l’instar des places fortes de ce type de finance que sont Dubaï et Kuala Lumpur en Malaisie, la capitale anglaise travaille depuis longtemps à la mise en place d’un réseau fort. Dès la fin des années 80, des négociations ont été entamées pour permettre l’installation des banques qui respectent les règles de l’Islam. Aujourd’hui, ce sont une petite dizaine d’enseignes qui tentent de se faire une place au soleil outre-Manche.

Redorer le blason de la City. “Ce que fait David Cameron, c’est racheter de l’éthique à la City”, estime Kader Merbouh, l’un des responsables du master de finance islamique de Paris Dauphine, pour Europe1.fr. Jugée responsable de la crise, la place financière londonienne a bien besoin d’améliorer son image.

La finance islamique est l’outil parfait pour une finance responsable. Si elle fonctionne comme la finance classique, elle empêche néanmoins toutes les dérives qui pourraient être mal vues. Dans ce type de système, les dividendes sont interdits, on ne finance pas la pornographie ou l’armement et on se refuse à signer des contrats déséquilibrés ou opaques.

La France y arrive. Pour l’instant à la traîne dans ce domaine, l’Hexagone ne dispose que d’un seul acteur de la finance islamique : la Banque Chaabi, filiale de la Banque Populaire. Dès 2008, elle a été la première enseigne a bénéficier des discussions qui se sont déroulées sur le thème autour de Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie.

“D’un point de vu concret, nous sommes en retard. Mais en quatre ans, on a déjà mis en place une banque avec des produits. Ça a pris quinze ans en Angleterre. Pour une fois, on a été plus pragmatique que les Anglais”, tempère Kader Merbouh. Selon lui, le milieu devrait continuer à se développer en France. Il estime à environ 4,5 millions le nombre de clients qui pourraient être concernés par ce type d’offre. En Angleterre, le marché se limite aux 1,2 millions d’indos-pakistanais musulmans.