Flamanville, ce cher "mythe"

EDF a annoncé lundi un énième surcoût, de 2 milliards d'euros, portant la facture totale à 8,5 milliards.
EDF a annoncé lundi un énième surcoût, de 2 milliards d'euros, portant la facture totale à 8,5 milliards. © Reuters
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Selon EDF, le projet de réacteur EPR dans la Manche coûtera encore 2 milliards d'euros de plus.

L'info. Le coût de la construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville n'en finit plus de flamber. EDF a annoncé lundi un énième surcoût, de 2 milliards d'euros, portant la facture totale à 8,5 milliards.

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L'explication. "L'évolution du design de la chaudière, les études d'ingénierie supplémentaires, l'intégration des nouvelles exigences réglementaires ainsi que les enseignements post-Fukushima ont pesé sur le coût total de la construction", a indiqué EDF dans un communiqué.

La révision du coût s'explique aussi par des dépenses supplémentaires liées à des aléas industriels, comme l'aménagement du planning des travaux ainsi que l'impact financier de l'allongement des délais de construction.

Le contexte. En 2005, le groupe énergétique avait estimé le coût des travaux à 3,3 milliards d'euros, puis l'avait revu à quatre milliards en 2008 et à six milliards en 2011, soit une hausse déjà de 160%. Une bonne nouvelle toutefois : la date de livraison de ce réacteur de 3e génération, conçu par Areva, n'est pas revue, et reste prévue pour 2016. EDF souligne en effet que "des étapes importantes ont été franchies avec la réalisation de 93% du génie civil et 36% des montages électromécaniques ainsi que la mise en eau du canal d'amenée de la station de pompage début novembre 2012".

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Les réactions des antinucléaires. "On nous avait annoncé une grande technologie, il s'agit d'une véritable gabegie financière", a taclé lundi sur France Info  l'eurodéputé écologiste José Bové. "Qui va payer? Ce sont les gens qui consomment de l'électricité, ou alors ca va encore creuser le trou dans le budget de l'Etat, s'est énervé l'antinucléaire. On continue d'injecter des milliards dans un projet dont on sait que ce n'est pas l'avenir."

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"Cette annonce enterre la compétitivité de l'EPR face à l'éolien et tue aussi la crédibilité de l'EPR à l'export", a renchéri au journal Le Monde Sophia Majnoni, en charge des questions nucléaires à Greenpeace France. "Voilà qui vient briser le mythe, si cela n'était pas déjà fait, du nucléaire pas cher. Ce sont 8,5 milliards gaspillés et détournés des véritables alternatives. Il faut arrêter les frais et stopper ce chantier qui est absurde", a enchaîné Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.

Des arguments toutefois rejetés en bloc par Hervé Machenaud, directeur de la production et de l'ingéniérie chez EDF, qui assure que même à ce niveau, "le nucléaire reste moins cher que les énergies renouvelables hors hydraulique".

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Une technologie remise en cause… Outre le nucléaire en général, les réacteurs de type EPR en particulier posent problème, et pas qu'à Flamanville. En Finlande, où le premier du genre est en construction à Olkiluoto, le chantier d'Areva accuse cinq ans de retard. Quatre EPR sont aujourd'hui en construction dans le monde au total. Les deux bâtis à Taishan, en Chine, semblent quant à eux respecter leur calendrier, rappelle toutefois le quotidien Les Echos.

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… Mais qui continue de s'exporter?  Areva ne revoit pas ses objectifs pour autant. Le président directoire du  groupe, Luc Oursel, ambitionne toujours de vendre dix réacteurs EPR d'ici 2016 et se dit confiant. L'échéance la plus proche concerne la Grande-Bretagne, où le gouvernement pourrait rendre sa décision dès le 14 décembre. L'Inde, l'Arabie Saoudite et même encore la Finlande seraient potentiellement intéressé pour la suite.