L'info. La France risque-t-elle le black-out général cet hiver ? C'est la grande inquiétude de Gérard Mestrallet, le patron de GDF Suez, qui a dénoncé cette semaine la disparition progressive des centrales thermiques à gaz en Europe, remplacées par des énergies vertes. Explications.
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Des centrales à gaz qui ferment… Gérard Mestrallet par d'un constat alarmant : les fermetures de centrales à gaz en Europe ces dernières années représentent 30 à 40 gigawatts de production d'électricité. En France, Poweo a fermé en 2012 son site de Pont-sur-Sambre, dans le Nord, moins de trois ans après sa mise en service, tandis que GDF Suez a annoncé en avril dernier la fermeture pour une durée indéterminée de sa centrale de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, et la suspension de trois autres centrales, qui ne fonctionneront plus qu'en hiver.
… Remplacées par de l'éolien. En cause, les subventions massives accordées au développement des énergies renouvelables, notamment dans l'éolien. L'an dernier, par exemple, le vent a représenté 40 % des installations d'énergies renouvelables, selon l'association européenne des producteurs d'énergie éolienne. Xavier Caitucoli, président de Direct Energie, explique les conséquences à Europe1.fr : "aujourd'hui, le marché compte beaucoup de capacités éoliennes, qui produisent de l'électricité qui était avant fournie par des centrales à gaz. Celles-ci ne sont alors plus rentables, et bien qu'elles soient indispensables en complément, les propriétaires choisissent de les fermer pour éviter de lourdes pertes".
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Y a-t-il un risque de panne générale cet hiver ? Le problème, c'est que les énergies renouvelables, particulièrement l'éolien, dépendent de facteurs externes pour fonctionner : un ensoleillement important, du vent, etc. Pour les professionnels du secteur, le risque est donc la conjonction de plusieurs facteurs externes, un coup de froid qui augmenterait la demande sur l'Europe, combinée par exemple à une absence de vent. Si les centrales thermiques ne peuvent pas prendre le relais, c'est le black-out assuré. Xavier Caitucoli, patron de Direct Energie, l'affirme : "C'est un véritable risque."
Un enjeu qui concerne toute l'Europe. Le problème n'est pas seulement français. Aujourd'hui, les réseaux électriques de l'Union européenne sont tous reliés entre eux et s'alimentent les uns les autres. Avec un risque : qu'une panne d'électricité d'abord localisée se répande sur tout le continent. En 2006, une panne du réseau en Allemagne s'était propagée jusqu'en Espagne, plongeant dans le noir près de 15 millions de personnes dans tout l'Ouest du continent.
Pour le président de Direct Energie, ces problèmes pourraient encore s'accentuer avec la reprise économique à venir. "Avec la crise, la consommation industrielle a baissé de 15 %", souligne-t-il. Quand l'économie redémarrera, les besoins en énergie repartiront à la hausse, au risque de surcharger le réseau.