Dette : l'Europe joue l'apaisement

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avec Olivier Samain et AFP , modifié à
L'Union européenne, l'Italie et l'Espagne ont multiplié mercredi les déclarations apaisantes.

Plusieurs dirigeants européens sont montés au créneau, mercredi, pour essayer de faire retomber la pression qui s'exerce depuis plusieurs jours sur l'Espagne et l'Italie, nouvelles cibles des marchés dans la crise de la dette européenne. Du côté des instances européennes, le président de la Commission, José-Manuel Barroso, et le président de l'UE, Herman Van Rompuy, ont pris la parole pour exiger une application rapide des engagements actés lors du sommet du 21 juillet dernier à Bruxelles. But de l'opération : faire comprendre aux marchés que les temps ont changé.

Deux déclarations distinctes, pour un même appel pressant au calme en direction des Etats de la zone euro. "Il n'y a pas de temps à perdre", ont dit en substance José-Manuel Barroso et Herman Van Rompuy. "Il est essentiel (...) d'envoyer un signal sans ambiguïté montrant que la zone euro va résoudre la crise de la dette souveraine avec les moyens adaptés à la gravité de la situation", a insisté Barroso dans un bref communiqué.

Berlusconi : "nos fondements sont solides"

L'Italie et l'Espagne ont également donné de la voix, par deux déclarations de Silvio Berlusconi et de la ministre espagnole de l'économie.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a pris la parole mercredi en fin d'après-midi à la Chambre des députés, pour plaider en faveur d'un plan d'action qui relancerait la croissance dans la péninsule.

"Les fondements de l'économie italienne sont solides", a affirmé Berlusconi, demandant une réaction "ferme" mais "sans suivre la nervosité des marchés". Il a cependant évoqué la nécessité d'un "plan d'action immédiat" pour relancer la croissance, qui n'a pas dépassé 0,1% au premier trimestre.

Une Espagne "tranquille"

Pas d'annonce de plan du côté espagnol. Mais la même volonté d'apaiser les marchés, au terme d'une réunion d'urgence tenue mercredi soir. L'Espagne "aborde les tensions sur les marchés avec une certaine tranquillité", a assuré la ministre de l'Economie Elena Salgado.

"Nous abordons cette situation avec préoccupation, avec responsabilité et aussi avec la conscience que nous sommes en train de faire ce qu'il faut", a-t-elle ajouté, "en poursuivant les réformes et les mesures budgétaires pour réduire le déficit" public. Concernant l'instabilité des marchés, "on ne peut pas écarter que cette volatilité se maintienne quelques jours", a-t-elle estimé.

De nouvelles poussées de fièvre ?

En effet, en cette période estivale, rien ne semble prêt pour empêcher une contagion de la crise de la dette à un nouveau pays de la zone euro. La Commission européenne exclut toute discussion sur un plan de sauvetage pour l'Italie ou l'Espagne et les outils définis lors du sommet de la zone euro du 21 juillet ne sont pas encore en place.

Le problème, c'est que les marchés hésitent toujours à accorder leur confiance. Les chefs d'Etats et de gouvernements se sont engagés, et c'est une bonne chose, estime Nicolas Véron, économiste et chercheur à l'Institut Bruegel de Bruxelles. Mais il faut maintenant que les Parlements des 17 pays de la zone euro entérinent le dispositif.

Pour les investisseurs, "il reste une incertitude"

Et plus ils tarderont à le faire, plus la défiance l'emportera sur les marchés. "Les investisseurs ne croient plus que ce qu'ils voient", analyse Nicolas Véron. "Les gouvernements leur disent que le plan va être accepté par les parlements, mais il reste une incertitude, qu'ils veulent voir levée. Tant qu'elle persiste, ils n'achètent pas de la dette de ces pays, ou demandent de forts taux d'intérêts. C'est exactement ce qu'on voit cette semaine vis-à-vis de l'Espagne ou de l'Italie".

Les économistes s'attendent à de nouvelles poussées de fièvre dans les jours et les semaines qui viennent. Car l'élargissement des pouvoirs du Fonds de soutien européen, mesure phare du sommet de Bruxelles le 21 juillet dernier, n'existe pour l'instant que sur le papier. Et il faudra attendre septembre au plus tôt pour qu'il soit mis en œuvre… si les Parlements consentent à le voter. Or les marchés, eux, ne prennent pas de vacances.