Ce label qui va protéger nos produits artisanaux

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Noémi Marois , modifié à
CONSO - Le label Indication géographique va bientôt faire son apparition. Il va indiquer au consommateur les produits artisanaux fabriqués en France. 

Aujourd'hui, les appellations des produits artisanaux ne bénéficient d'aucune protection. D'où l'apparition dans les magasins ou sur les marchés de couteaux de Laguiole ou de savon de Marseille fabriqués … à l'étranger.  Ces supercheries devraient bientôt ne plus avoir lieu. Un décret de la loi consommation votée en mars 2014 devrait en effet être publié, selon nos informations, début avril. Il va permettre grâce au label Indication géographique (IG) de mieux protéger les produits manufacturiers du terroir. Un coup de pouce pour les artisans mais aussi un plus pour les consommateurs. 

C'est quoi une Indication géographique ? Le label IG indiquera au consommateur que le produit concerné provient d'une zone géographique particulière et qu'il en est typique. La loi précise que le produit "possède une qualité déterminée, une réputation ou d'autres caractéristiques qui peuvent être attribuées essentiellement à cette origine géographique". Cette mesure de la loi Hamon souhaite donc protéger les produits artisanaux communément appelés "du terroir" tout comme plusieurs labels protègent actuellement les produits alimentaires. 

Dentelle de Calais, granit de Bretagne… Sept dossiers sont déjà prêts et n'attendent que la publication du décret pour être déposer à l'Institut national de la propriété intellectuelle. La dentelle de Calais, le granit de Bretagne, le linge des Vosges et du pays basque, la pierre de Bourgogne, les parapluies d'Aurillac et le grenat de Perpignan ont de fortes chances d'être les premiers labellisés d'ici la fin de l'année. 

Et ça ne s'arrêtera sans doute pas là puisque selon le cabinet de Carole Delga, secrétaire d'Etat chargée du commerce et de l'artisanat contacté par Europe 1, 200 autres produits auraient le profil pour prétendre à ce nouveau label. 
Pour le consommateur, ça change quoi ? Pour le cabinet de la secrétaire d'Etat, ce nouveau label est "un gage de qualité" et va garantir une "meilleure information au consommateur". 

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© REMY GABALDA / AFP

L'objectif est d'éviter aussi les supercheries. Un nom de terroir non protégé peut en effet être usurpé par des fabricants d'autres régions, voire étrangers. Laguiole en est un bon exemple. En 2012,  cette commune de l'Aveyron s'est vu utiliser son nom par un fabricant situé dans le Val-de-Marne. Les consommateurs qui pensaient soutenir grâce à leurs achats un savoir-faire local étaient donc trompés lors de leurs achats.

Et pour les artisans ? Selon le gouvernement, cette mesure est une véritable béquille pour des savoir-faire locaux, souvent malmenés par la concurrence. Le label va en effet leur donner "de la visibilité auprès des acheteurs et notamment des touristes", premiers intéressés par les produits locaux, résume le cabinet de la secrétariat. Mais l'objectif est aussi d'"instaurer un cercle vertueux" avec des créations d'emplois et pourquoi pas d'encourager les jeunes à investir les formations artisanales.

Bisbilles. Mais avant cela, il faudrait que les fabricants s'entendent entre eux sur le cahier des charges. Plusieurs dossiers sont actuellement bloqués dont celui de la porcelaine de Limoges. Alors que les porcelainiers locaux rêvent d'un label depuis plus d'un siècle, les discussions achoppent sur la délimitation géographique. Même si a priori le label pourrait bénéficier aux fabricants de Haute-Vienne, d'autres situés dans les départements voisins voudraient aussi l'obtenir. 

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