Breton accable le bilan de Sarkozy

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L’ex-ministre de l’Economie Thierry Breton a dressé un bilan sévère du dernier quinquennat.

"Le temps est à l’urgence et au consensus. Il faut s’appeler les uns les autres à la responsabilité". Invité d’Europe 1 jeudi matin, le constat de Thierry Breton, ministre de l’Economie sous Raffarin puis Villepin et désormais PDG d’Atos, est sans appel : la France fait face à un défi économique majeur et le gouvernement sortant n’y est pas pour rien.

Pourtant de la même couleur politique que le duo Sarkozy-Fillon, Thierry Breton a dressé un bilan sévère de l’équipe sortante : "il faut être lucide, il ne s’est pas passé que des bonnes choses au cours de ces cinq dernières années. Il faut désormais gérer tout cela".

"On n’est même plus dans le top 10"

"Lorsque j’étais à Bercy (de 2005 à 2007, ndlr), la France était le deuxième ou le troisième pays au monde en termes d’accueil des investissements directs étrangers (IDE), c’est-à-dire ce qui permet d’attirer de l’argent pour qu’on développe des entreprises et de l’activité", a rappelé Thierry Breton.

Et ce dernier d’ajouter, sur le ton du regret: "en 2011, on n’est même plus dans le top 10, on est le onzième. Alors si on applique encore des mesures qui vont contre la compétitivité, est-ce qu’on sera même sur le classement dans trois ans ?"

La France, bientôt "premier pays émetteur de dette"

S’attardant ensuite sur la crise de la dette, le PDG ne s’est pas montré plus conciliant. "En 2013, la France sera devenue le premier pays émetteur de dette en euros au monde, devant l’Espagne, devant l’Italie, devant la Grèce".

"Cela veut dire que les marchés financiers vont avoir les yeux rivés sur nous massivement à partir de 2013 et jusqu’à la fin de la décennie", a souligné Thierry Breton.

"On a hérité de cette situation, il va falloir maintenant la gérer collectivement", a-t-il poursuivi :

Réduire le budget français de 10%

L’adoption imminente de la règle d’or est donc à ses yeux une bonne nouvelle, "ce traité va complètement contraindre l’ensemble des acteurs publics à faire les efforts qui vont être nécessaires. (…) Car trouver entre 30 et 35 milliards d’euros d’économies, c’est plus de 10% du budget de la nation qui doit être réduit l’année prochaine".

"J’ai passé trois ans de ma vie à Bercy, je sais ce que c’est", a témoigné Thierry Breton, "c’est un effort qui va être absolument considérable et tout le monde va être impacté".

"Appel au consensus national"

S’il est sévère dans son bilan du dernier quinquennat, Thierry Breton est en revanche assez conciliant à propos de la nouvelle équipe gouvernementale, notamment dans sa volonté d’instaurer un dialogue avec le patronat en se rendant à l’université d’été du Medef.

"Je m’en réjouis à titre personnel parce que, avec beaucoup, on est content que la campagne électorale soit désormais bien derrière nous. Les patrons ont été raillés, ostracisés, aussi bien à gauche qu’à droite. Je me réjouis de voir que désormais le gouvernement, les forces vives de la nation comprennent que nous n’avons d’autre issue que de travailler ensemble", a-t-il réagi.

Quant aux emplois aidés du gouvernement, le PDG d’Atos ne les brocarde pas, il s’en félicite même s’il ne les juge pas suffisants pour résoudre la crise actuelle. "Tout ce qui peut aider et notamment pour les jeunes, sera le bienvenu. En revanche, il faut mettre en garde tous ceux qui s’imaginent que les emplois jeunes vont régler le problème (du chômage, ndlr) : ce ne sont que des solutions temporaires et cela ne doit pas nous dispenser de travailler sur la compétitivité de la France", a-t-il conclu.