Grèce : après huit ans sous contrôle européen, un timide retour à la normale

L'Union européenne continuera malgré tout de surveiller la Grèce (photo d'illustration).
L'Union européenne continuera malgré tout de surveiller la Grèce (photo d'illustration). © ACHILLEAS ZAVALLIS / AFP
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Margaux Lannuzel avec Olivier Samain et AFP , modifié à
Le pays est le dernier à sortir officiellement du plan d'aide européen commencé pendant la crise, lundi. Il va retrouver un peu d'autonomie mais restera sous surveillance. 

La date de lundi restera symbolique pour la Grèce : le dernier de ses trois plans d'aide européens, aussi stricts qu'impopulaires, prend officiellement fin. Après l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et Chypre, le pays était le dernier de la zone euro encore sous programme d'assistance depuis la crise de 2008. 

L'austérité a laissé des traces. Mais au-delà du symbole, que change la sortie de ce "contrôle" européen ? Retraites coupées, salaires des fonctionnaires amputés, réforme des impôts... Les mesures d'austérité mises en places depuis la crise ont laissé des traces en Grèce, où les habitants ont beaucoup souffert. "La baisse des retraites a été dramatique", explique Yoanis, un retraité interrogé par Europe 1. "Vous voyez ce pantalon ? C'est le seul que j'ai, il a au moins dix ans. Avant j'avais de l'argent de côté, mais maintenant je n'ai plus rien, je ne sais pas comment je vais faire."

En huit ans, la Grèce a reçu 289 milliards d'euros de prêts de la part de l'Union européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE). Les responsables européens soulignent que l'économie l'économie a récemment recommencé à y croître : le PIB a augmenté de 1,4% en 2017 et le chômage baisse régulièrement - mais reste élevé, autour des 20%. 

Pas encore "le bout du chemin". "Le temps de l'austérité est terminé, mais la fin du programme n'est pas le bout du chemin ces réformes", a résumé le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, ce week-end. Avis partagé par le gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras. Le pays "a encore un long chemin à faire", a-t-il estimé dans une interview au quotidien Kathimerini dimanche, s'inquiétant d'un possible "abandon" de la Grèce par les marchés si celle-ci rétropédale sur ses réformes.

Face à cette reprise fragile, les européens vont continuer de surveiller le pays, qui retrouve le droit de financer directement auprès des marchés financiers. Il ne devrait cependant pas y avoir recours tout de suite : les États de l'UE ont  consenti à échelonner la durée de remboursement de la dette grecque, permettant à Athènes de couvrir ses besoins de financement jusqu'à fin 2022. Et après ? La dette, qui s'élève à 180% du PIB du pays, est toujours jugée insoutenable par le FMI. Le retour à la normale annoncé lundi devrait donc être timide.