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A.D
Chaque week-end sur Europe 1, dans "La voix est livre", avec Nicolas Carreau, deux libraires partagent leurs coups de cœur.

Chaque semaine, des libraires extraient des pépites de leurs rayonnages. Ce samedi, Anne-Sophie Rouveloux, de la librairie "Chronique", à Cachan, et Christophe Daniel, de la librairie "La 25e heure", à Paris, nous dévoilent leurs choix dans La voix est livre, sur Europe 1.

Tout cela je te le donnerai de Dolores Redondo, aux éditions Fleuve

"L'auteure avait été remarquée pour sa trilogie de romans policiers qui se passaient au pays basque espagnol (Le premier tome était Le gardien invisible). Elle revient avec ce roman riche et dense. Le roman nous présente Manuel, écrivain célèbre. Dans la scène d'ouverture, il est en train d'écrire son nouveau roman. Deux policiers frappent alors à sa porte et viennent lui annoncer le pire : son mari Álvaro vient de décéder dans un accident de la route. La douleur va bientôt laisser place à la stupeur parce qu'il va découvrir que son mari lui a caché des choses par rapport à sa famille dont il ne parlait pas beaucoup. Álvaro était un marquis, appartenait à une puissante famille de Galice. Manuel se rend là-bas, précisément dans la demeure qui a vu grandir Álvaro, pour essayer de comprendre qui il était réellement. Sauf que sur place, il se rend compte que cette famille, très attachée aux traditions et à la religion, cache de terribles secrets. En se liant avec un policier, il découvre aussi que la mort d'Álvaro est tout sauf accidentelle", décrit Anne-Sophie Rouveloux.

"On ne peut pas classer ce roman dans un seul genre et c'est bien. Il y a des éléments du roman policier : des rebondissements, des morts suspectes, on est vraiment accroché à la lecture. C'est très sombre. On est dans les secrets de famille, dans les traumatismes de l'enfance. On avance, immergé dans une région. L'auteure a vraiment fait un travail de recherches. Elle s'est impliquée à 100%. Elle livre un magnifique récit qui parle aussi de l'écriture."

Les cigarettes égyptiennes de Waguih Ghali, aux éditions de l'Olivier

"Le livre paraît dans la collection Replay, une collection qui met en avant des livres oubliés. L'auteur de ce roman, écrit en 1964, est Égyptien. Le livre était paru en France en 1965 chez Robert Laffont. On est au Caire dans les années 50, au moment où Nasser et son mouvement nationaliste ont défait la monarchie du roi Farouk. On va suivre dans cette Egypte, où la présence britannique est encore forte, les déambulations de Ram, un jeune copte égyptien dont la famille est très aisée mais lui est complètement désargenté. Il n'a aucune ambition et prend régulièrement de l'argent à sa tante sans aucun scrupule pour mener une forme de dolce vita : alcool, jeux, rencontre féminines. Avec son meilleur ami, ils mènent cette vie un peu erratique et ils vont faire la connaissance d'une jeune juive égyptienne, Edna, qui a des convictions politiques fortes. Elle va leur permettre d'avoir une conscience politique et va financer leur voyage à Londres", explique Christophe Daniel.

"C'est à la fois existentialiste, initiatique et c'est aussi un roman de l'exil. On voit un jeune homme tiraillé entre son pays natal et son intérêt passionné pour la culture et la langue anglaise. Mais aussi un jeune homme tiraillé par des choix politiques. Tout ça avec un humour désabusé mais présent à chaque page."