Teddy Riner à l'Insep, son terrain de jeu depuis ses 14 ans, en compagnie de Nikos Aliagas. 1:25
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A.D , modifié à
Déjà médaillé d'or à deux reprises aux Jeux Olympiques, à Rio en 2016 et Londres en 2012, le judoka vise un troisième titre au Japon. Il a confié ses ambitions à Nikos Aliagas.
INTERVIEW

Il chausse du 49,5, pèse plus de 130 kilos et mesure 2,04 m. Un colosse. Pourtant, Teddy Riner, 28 ans, l'affirme : "Je ne suis pas le plus gros ni le plus grand dans ma catégorie." Le géant, qui pleure parfois devant des films, de son propre aveu, est néanmoins le judoka le plus titré de l'Histoire : dix titres de champion du monde, deux médailles d'or aux Jeux olympiques. En balade avec Nikos Aliagas, le sportif a amené l'animateur à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep), là où il s'entraîne depuis ses 14 ans.

"Il fat tout le temps s'adapter". Après une arrivée en scooter, le judoka prend la voiturette pour faire visiter les lieux. Il y rentre en se contorsionnant. Ce qui lui vaut une confidence : "Quand je n’avais pas le permis, on me voyait à l’Insep avec une voiture sans permis mais je ne rentrais pas dedans. J’avais tordu le siège pour être à l’aise." L'image est cocasse mais révélatrice : "C’est une façon de vivre. On s’adapte. Il y a plein de cicatrices sur le crâne à cause des murs, des pas de portes trop petits. C’est aussi la philosophie du judo, du sport de haut niveau, il faut tout le temps s’adapter". Sous peine, selon le sportif, de se faire battre rapidement. 

Quand je n’avais pas le permis, on me voyait à l’Insep avec une voiture sans permis mais je ne rentrais pas dedans. J’avais tordu le siège pour être à l’aise.

"J'ai voulu accrocher ma photo". Sa vie en sport études lui a vite appris à faire des sacrifices comme moins voir sa famille, ne pas avoir la même vie que les autres, partir en compétition le week-end... "C'est aussi ça qui m’a fait mûrir sur mon palmarès, me mettre en avant dans des compétitions où on ne m’attendait pas. Je n’avais que 14 ans, j’avais des adultes en face de moi. J’avais souvent les quatre fers en l’air, il faut se relever. Ça motive", dit le champion, qui ne regrette vraiment qu'une chose : "c'est tout con, mais c’est de ne pas avoir connu le collège, les amourettes", glisse-t-il. A la place, il avait une vision : celle d'un mur de l'Insep où figuraient tous les champions français. "J’ai voulu moi aussi accrocher ma photo. La première chose que j’ai fait après avoir gagné mon premier titre mondial, à 18 ans, c’est me dire que j’allais enfin avoir ma photo."

Le secret, c’est que je suis arrivé à 14 ans et que j’ai bossé dur

"J'étais le seul maître de la victoire". Entre les entraînements cardio et la récupération en balnéothérapie, sa volonté ressort de ses discours, intacte dix ans après son premier titre. "Tokyo, c’est l’objectif ultime, parce que réussir là-bas, là où le judo a commencé, c’est quelque chose à faire. Je l’ai fait pour les championnats du monde. Mais les JO, on le sait, c’est quelque chose de différent, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Il pense aussi à Paris 2024, parce qu'il a "envie de terminer" sa carrière "à la maison."

Il pense aussi à l’après, sans être très inquiet : "Le sport de haut niveau nous apprend une rigueur, à avoir des engagements. Le secret, c’est que je suis arrivé à 14 ans et que j’ai bossé dur". Il l'avait glissé quelques minutes avant : après avoir fait du golf, de l'escalade, de la danse modern jazz, du foot et du basket, le judo l'avait emporté pour une bonne raison : "J’étais seul maître de la victoire et de mon destin, même s’il est arrivé que je perde des combats."