Birds of Prey 5:31
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Un vent frais souffle sur les super-héros avec la sortie en salles du film "Birds of Prey", un groupe d'héroïnes 100% féminin. Mais, exception faite de Harley Quinn qui s'est fait une place dans le cœur des aficionados du genre, les filles de "Birds of Prey" sont inconnues au bataillon. Jusqu'à maintenant.

Elles s'appellent Harley Quinn, Black Canary, Huntress, Cassandra Cain et Renee Montoya. Leur nom ne vous dit sans doute rien mais les cinq héroïnes du film Birds of Prey, en salles depuis le 5 février, risquent bien de tout casser sur leur passage. À la fois super et anti-héroïnes, complètement déjantées, un tantinet portées sur la violence et 200% fun, elles donnent un coup de vieux à Batman, Superman et les autres icônes à cape des comics. Mais au fait, qui sont-elles ?

Cinq filles dans le vent

D'abord, Birds of Prey est une histoire de filles. Toutes ces héroïnes sont des femmes, un cas de figure totalement inédit dans les films de super-héros. Comme son sous-titre un peu alambiqué, "La fantabuleuse histoire de Harley Quinn", l'indique, celui-ci est centré sur Harley Quinn (Margot Robbie), une anti-héroïne du film Suicide Squad, sorti en 2016. Elle y tenait le rôle de la petite amie du Joker, le génie du crime de Gotham. À la fin du film, elle le quittait pour s’émanciper et se racheter une conduite. Et dans sa nouvelle vie, que nous relate Birds of Prey, Harley Quinn se fait des amies.

Pour faire tomber Roman Sionis, leur ennemi commun, cinq femmes forment donc une équipe hétéroclite : Harley Quinn, donc, Huntress, Black Canary, Renee Montoya et Cassandra Cain. Et à l'occasion de la sortie du film, Urban Comics publie de très belles éditions d'histoires des trois principales héroïnes du groupe : Harley Quinn, Huntress et Black Canary. Des portes d'entrée idéales dans leurs aventures.

Huntress, Harley Quinn et Black Canary ont droit à l'édition d'une histoire complète, en comics, pour introduire leur personnage.

Harley Quinn, la psychiatre plus dingue que ses patients

Chef de file de ce groupe de filles déjantées, Harley Quinn est une ancienne psychiatre, devenue complètement azimutée après avoir entretenu une liaison avec le Joker. En tenue d'arlequin rouge et noir, elle l'aide à commettre ses méfaits avant de le quitter, lassée de son égoïsme. Harley se réfugie à Coney Island, entre les attractions, pour refaire sa vie. Mais, entre deux sessions de roller derby plutôt violentes et des conversations imaginaires avec un castor empaillé, elle est poursuivie par des tueurs à gage qu'elle dessoude à la chaîne avec sa grande masse, sourire aux lèvres.

Entre les comics et le film "Birds of Prey", Harley Quinn a perdu ses cheveux rouge et noir et son costume.

Birds of Prey, c'est la consécration de Harley Quinn. Grâce à ce groupe, elle s'émancipe du Joker et de Batman pour vivre ses propres aventures. Un rôle de tête d'affiche logique pour cette anti-héroïne ambiguë, née tardivement non pas dans un comics mais dans la série animée Batman de 1992. D'abord programmée pour n'apparaître qu'une fois, elle a tellement marqué les fans avec son caractère bien trempé, qu'elle est revenue pour ne plus partir. De la télé, elle a donc basculé dans les comics avant d'être incarnée sur grand écran, avec délectation, par Margot Robbie.

Huntress, de la mafia à Batman

Aux côtés de Harley Quinn, on retrouve Helena Bertinelli, alias Huntress ("La Chasseresse"), la plus tourmentée du groupe. Fille d’un parrain de la pègre de Gotham, sa famille a été assassinée devant ses yeux quand elle était enfant. Formée aux arts martiaux, elle se retourne contre son monde en apprenant que la mafia sicilienne est responsable du massacre de ses parents et de son frère. C'est le début d'un long combat contre le crime avec son arme fétiche : une arbalète.

Huntress n'hésite pas à tuer ses ennemis avec son arbalète.

Apparue dès 1947, Huntress a été remaniée 30 ans plus tard sous l'identité de Helena Wayne, fille de Bruce Wayne, alias Batman, et Selena Kyle, alias Catwoman. Avec de tels parents, la jeune femme ne pouvait que revêtir un costume à son tour. Mais Huntress a de nouveau changé d'identité par la suite, redevenant Helena Bertinelli, la fille de mafieux vengeresse, évoluant en marge des légendes de Gotham (Batman n'est pas son père mais reste son mentor) avec une particularité : elle tue ses ennemis, acte qui rebute normalement les super-héros.

Black Canary, rock and roll attitude

Enfin, il y a Black Canary, la punk du groupe. Dinah Drake, de son vrai nom, fleuriste le jour et justicière la nuit, vêtue d'une perruque blonde, de bas résille et d'une veste en cuir comme costume. C'est ainsi qu'elle débute dans les comics en 1947, sans pouvoirs mais dotée de compétences hors du commun en arts martiaux. Personnage secondaire, elle entre dans la lumière dans les années 1960 quand elle épouse Green Arrow, célèbre archer de l'univers DC.

Black Canary est à la fois le nom de l'héroïne Dinah Drake et de son groupe de rock.

Pour son intégration dans le groupe des Birds of Prey, l'histoire de Dinah Drake a été simplifiée. Dans le comics édité pour la sortie du film, plus d'alter ego, la jeune femme blonde platine est ici chanteuse du groupe de rock Black Canary et dotée d'un super-pouvoir : un cri surpuissant capable de casser les murs et de désorienter ses ennemis. À noter que le film a opté pour un look très différent puisque Black Canary est interprétée par Jurnee Smollett-Bell, une actrice afro-américaine. Pas de perruque blonde ni de bas résille mais un look toujours grunge agrémenté d'une batte de baseball pour le combat.

Une équipe féminine et féministe

Toutes les trois ont été rassemblées dans le groupe Birds of Prey en 1996, un moyen de donner aux femmes un peu plus de visibilité dans le monde très masculin des super-héros. La série casse les codes du genre avec ces héroïnes fortes, baignant dans un univers pop, moderne et très coloré. Ancrées dans le 21ème siècle, les histoires des membres des Birds of Prey, en solo ou ensemble, dépoussièrent le monde parfois très conservateur des comics.

Et puis, le point commun entre toutes ces héroïnes, c’est qu’elles sont résolument féministes. Elles revendiquent haut et fort leur émancipation des carcans masculins : Harley Quinn se défait de l’influence toxique du Joker, Huntress cherche à se venger de la mafia sicilienne, une organisation exclusivement masculine, et Black Canary veut échapper aux hommes qui la contrôlaient dans le passé. Bref, c’est moderne, rafraîchissant et on peut y voir la patte d'autrices et illustratrices qui ont façonné ces personnages, comme Gail Simone, Ivory Madison, Annie Wu et Amanda Conner. 

Le fil m"Birds of Prey" mélange les héroïnes originelles avec des nouvelles têtes.

"Pendant longtemps, les femmes n'ont été que des faire-valoir des super-héros, elles étaient instrumentalisées à outrance ou sacrifiées pour rendre l'histoire plus dramatique. Il y a eu une prise de conscience dans les années 2000, notamment sous l'impulsion d'autrices reconnues, comme Gail Simone. Quand elle a repris les comics Birds of Prey, elle a donné un tempérament très fort aux héroïnes", souligne François Hercouët, directeur éditorial d’Urban Comics. "Birds of Prey, c'est vraiment une histoire d'émancipation féminine. Si vous en avez assez des héros masculins qui sauvent le monde, ces héroïnes sont des modèles de femmes fortes et libres."

Et ce féminisme haut en couleurs, c’est aussi la patte du film Birds of Prey. En plus du casting avec cinq ses héroïnes, Margot Robbie, qui incarne Harley Quinn, est aussi la productrice du film. Elle l’a porté sur ses épaules et a poussé pour que ce soit une femme qui officie derrière la caméra, la réalisatrice sino-américaine Cathy Yan, choisie malgré une filmographie sans grande référence. Comme un vent de renouveau qui souffle dans les capes des super-héros.