«Pouvoir faire rire les autres est plus fort que la souffrance» : Didier Van Cauwelaert revient sur la relation avec son père
À l’occasion de son passage dans l’émission "Culture Médias" sur Europe 1, Didier Van Cauwelaert a livré un témoignage bouleversant sur la relation qu’il entretenait avec son père. Marqué par un grave accident, celui-ci trouvait dans le rire une échappatoire à la douleur.
Au micro de l’émission Culture Médias sur Europe 1, l’écrivain Didier Van Cauwelaert est revenu avec émotion sur la relation qu’il a entretenue avec son père, un personne qui a joué un rôle majeur dans la construction de sa vie d’écrivain. Victime d’un grave accident de voiture et de plus en plus invalide, celui-ci trouvait dans le rire une échappatoire à la douleur et qui avait fait du rire une arme contre la douleur. "Mon père m’a appris que le pouvoir de faire rire les autres, c’était plus fort que la souffrance", a confié l’écrivain.
À huit ans, un événement marquant vient bouleverser le jeune Didier. De retour de l’école, il surprend son père confier à sa mère, à voix basse, si un jour où il était contraint d'être en fauteuil roulant, il préférerait en finir plutôt que d’imposer sa condition à ses proches. "Ce qui aurait pu me briser m’a donné des ailes", a-t-il réagi après s'être confié. Pas question pour Didier de se laisser abattre. Au contraire, il se promet alors de devenir le plus jeune écrivain et de redonner l’envie de vivre à son père par l’écriture. Alors qu’il n’a pas encore dix ans, il détourne le secrétaire du cabinet d’avocat de son père pour taper ses manuscrits et les envoyer à la grande maison Gallimard.
Un échange inattendu avec Jean-Paul Sartre
Après l’écriture, le théâtre l’a aussi appelé un peu plus tard. À 17 ans, avec une troupe d’amateurs, Didier Van Cauwelaert monte Huis clos dans le cadre de son lycée, puis au Théâtre National de Nice, grâce au soutien du directeur de l’époque, Jean-Pierre Bisson. Tout se passe bien jusqu’à ce que la SACD interdise la représentation puisque les droits n’avaient pas été demandés.
Son père, avocat, lui suggère une chose simple, presque folle celle d’écrire directement à Jean-Paul Sartre, ce que l'adolescent appliqua. Huit jours plus tard, un télégramme arrive avec la mention "autorisation accordée signée Jean-Paul Sartre". Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Après la représentation, Didier Van Cauwelaert reçoit une lettre, dictée par Sartre lui-même, presque aveugle à l’époque. "Monsieur, des amis ont vu votre Huis clos l’autre jour. Ils m’ont dit que la salle riait. Lorsque j’ai écrit cette pièce, je pensais avoir fait une comédie. Tout le monde a su me prouver le contraire. Merci, si longtemps après, de me redonner raison", avait écrit l’écrivain dans sa lettre adressée à Didier Van Cauwelaert.