Pourquoi se donne-t-on "des noms d'oiseaux" lorsque l'on s'insulte ?

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Stéphane Bern, édité par Alexis Patri
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Lundi, il s'intéresse à l'origine de "se donner des noms d'oiseaux", une formule qui signifie que l'on s'insulte, et qui fait référence à la richesse en métaphores de la langue française.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Lundi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "se donner des noms d'oiseaux", un animal très présent dans le vocable français.

Quand une personne en insulte une autre, quand on se vole dans les plumes, on dit parfois que l'on se "donne des noms d'oiseaux". Cette expression, de moins en moins utilisée de nos jours, fait référence à la richesse de la langue française, pas avare en métaphores aviaires dès lors qu'il s'agit d'être insultant.

Commençons avec un exemple criant : une insulte misogyne. Pour désigner une femme idiote, on parle de bécasse. Un oiseau de nos forêts bien connu des chasseurs. Si cette femme est un peu ronde et naïve, on la dit "bécassine", du nom du célèbre personnage dessiné, né en 1905.

Tête de linotte et poule mouillée

Et les exemples d'insultes à plumes sont nombreux. Pour une personne lâche, on dit une poule mouillée. Cette expression entre dans le dictionnaire de l'Académie française en 1694. Autrefois, on disait "poule laitée". Quand on est lâche et que l'on ne veut pas voir la vérité en face, on fait "la politique de l'autruche".

Une personne sans foi ni loi est un vautour, un rapace même. Une personne étourdie possède une tête de linotte, en référence à l'oiseau à toute petite boîte crânienne. Et l'étourneau, qui migre en immenses nuées une fois l'automne venu, a la même étymologie que le mot "étourdi".

Il en va de même des buses (des idiots) et des grues (terme ancien qui désigne les prostituées). Georges Brassens a d'ailleurs chanté que les filles de joie avaient "des pieds de grues". Mais laissons le mot de la fin à Jacques Deval, dramaturge français né à la fin du 19e siècle, qui a écrit : 'Dieu aima les oiseaux et inventa les arbres. L'homme aima les oiseaux et inventa les cages'."