Pourquoi dit-on d'un veinard qu'il a "une chance de cocu" ?

Le chanceux aux jeux serait malheureux en amour
Le chanceux aux jeux serait malheureux en amour © Pixabay
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Stéphane Bern
Dans "Historiquement vôtre" sur Europe 1, Stéphane Bern se penche chaque jour sur les racines d'une expression ou d'une locution du quotidien. Il explique vendredi le lien entre chance et tromperie dans l'expression "avoir une chance de cocu".

Chaque jour, Stéphane Bern propose, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte d'une expression que l'on utilise au quotidien sans vraiment en connaître l’origine. Vendredi, il se penche sur l'étrange relation de cause à effet qui voudrait que le cocu ait de la chance.

L'étonnante expression "avoir une chance de cocu" trouve son origine au 19ème siècle. À l'époque, gageons que ce ne soit plus le cas aujourd'hui, on trouvait dans l'adultère une situation scandaleuse si, et seulement si, c’était l’homme qui était trompé par sa femme. L'infidélité du mari était bien moins condamnée moralement. Voilà pourquoi "cocu" reste aujourd'hui toujours masculin dans cette expression.

Mais en quoi un homme trompé, si cela est un drame, est-il chanceux ? Le bon sens populaire du 19e siècle estime qu'on ne peut pas être plus accablé qu'étant cocu, et que du coup, on devient forcément chanceux. Autrement dit, l'homme cocufié a touché le fond, et a donc la chance ne pouvoir que remonter vers de meilleures choses à venir.

Pourquoi dit-on un veinard ? 

Dans la même idée, on dit ainsi "malheureux au jeu, heureux en amour". On dit aussi "avoir une veine de cocu", parce que la veine est, en géologie, l'endroit où l'on trouvait les métaux précieux dans la terre. Chanceux celui qui la trouvait, et devenait ainsi "un veinard". Le terme de "cocu" viendrait par ailleurs de l'oiseau coucou, qui comme chacun sait n’est pas d'une fidélité exemplaire.

En Angleterre on dit, pour signifier la chance de quelqu'un, "to be jammy ", à savoir "être couvert de confiture". Je ne vois pas où est la chance là-dedans, sauf si on aime la déguster à même la peau. Au Brésil on dit "nascido de cu virado pra lua", soit "être né le cul tourné vers la lune".

Terminons ce tour du monde de la chance avec le bon mot de l'auteur belge Gaetan Faucer : "L'ambidextre qui a deux mains gauches, n'a vraiment pas de chance".