Pierre Billon : "Johnny chantait pour les autres, c’était le seul à ne pas chanter pour lui"

  • Copié
Aurélie Dupuy
Un an après la mort de Johnny Hallyday, son ancien producteur Pierre Billon évoque ses souvenirs dans un livre, des spectacles au cortège de la Madeleine en passant par les virées en moto.
INTERVIEW

Le 9 décembre 2017, lors de l'arrivée du cortège funéraire, Pierre Billon faisait partie de ceux qui portaient le cercueil blanc de Johnny Hallyday. Ancien manager de la star et témoin à son mariage, il vient de faire paraître le livre Johnny, quelque part un aigle, un an après sa mort. Dans cet ouvrage, l'homme de l'ombre livre ses anecdotes. C'est aussi ce qu'il a fait samedi au micro d'Isabelle Morizet dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

"On pensait repartir à moto". Il espère toujours qu'un matin, Johnny va l'appeler, dit-il. Parce que pour lui, croire à la mort du chanteur est toujours aussi difficile qu'il y a un an. "Pour arriver à tenir le coup et à porter ce cercueil, il ne faut faire que des choses terre à terre. C’est terrible. Tu regardes le nombre de marches qu’il va y avoir à gravir. Tu regardes la façon dont tu vas porter le cercueil pour ne pas avoir l’air d’un imbécile par rapport au pote que t’es en train de porter et puis tu te dis 'comment je vais faire pour rentrer dans la Madeleine ? Est-ce que je vais tenir le coup ?'"

Cette mort n'existait pas non plus pour lui lors d'un dîner à Marne-la-Coquette, quelques jours avant le décès de Johnny Hallyday, quand les deux amis évoquaient des projets. "Pour nous il était en train de remonter, pas en train de partir dans la lumière blanche. (...) On pensait repartir à moto, faire une tournée en 2019", énumère l'ex-producteur.

"Johnny chantait pour les autres". Lui qui était le fils d'une starlette des 6O's d'abord à Montmartre puis à Broadway, Patachou, est toujours resté en dehors de la lumière. Celle de Michel Sardou d'abord, puis celle de Johnny. "J’étais très bien à ma place derrière eux. Je ne crois pas avoir eu assez de courage, d’énergie, d’inconscience, pour faire ce qu’ils faisaient. Moi, je me regardais trop à l’intérieur. Johnny chantait pour les autres, c’était le seul à ne pas chanter pour lui." En 1977, Pierre Billon écrit J’ai oublié de vivre pour la star, part avec lui dans ses trépidantes tournées "250 jours par an. Généralement, on se retrouvait tous dans les mêmes hôtels, la tournée de Claude François arrivait, celle de Julien Clerc s’en allait", se souvient le parolier.

"Frères de route". Quand il devient également le producteur de Johnny Hallyday, il garde la démesure comme règle d'or des spectacles. Par ailleurs, il transmet au chanteur son goût de l'Amérique qu'il connaît depuis l’adolescence grâce à mère. "L’Amérique a déclenché beaucoup de choses chez moi. On y est retourné sans arrêt avec Johnny, avec tout le monde. C’est moi qui l'ai emmené aux États-Unis", déclare-t-il fièrement.

Seulement un matin, une fois tous les spectacles terminés, il reçoit une lettre de Johnny qui lui apprend qu'il n’est plus son producteur. "Au début j’ai fait la tête". Il cherche même "qui pouvait être la responsable", en insistant sur le féminin. Il pointe du doigt Nathalie Baye, la compagne d'alors de Johnny Hallyday. Aujourd'hui, il explique ne pas avoir gardé de rancœur : "Nathalie Baye a bien fait de faire ça. (...) Johnny avait raison. J’étais arrivé au bout d’un cycle. Il lui manquait un public, l’intelligentsia parisienne". L'épisode n'avait pas entaché la relation des deux amis outre mesure. Ensemble, ils continuaient notamment les roads trips à moto : "On est devenus frères de route". Pour conclure leur histoire, Pierre Billon lâche cette phrase : "Ce fut merveilleux, tous les jours j’y pense."