Olivier Roy : "Tôt ou tard, Daesh va perdre"

Olivier Roy
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A.D
TERRORISME, DAECH - Le politologue spécialiste de l'islam, Olivier Roy, répondait à la question de David Abiker ce samedi matin : "l'année 2015 est-elle bonne à jeter ?"
INTERVIEW

"2015, c'est une sorte de gueule de bois terrible. Les Français ont appris à connaître Daesh, au prix du sang et de la guerre." David Abiker, dans son émission C'est arrivé en 2015,  était à l'heure du bilan ce samedi matin et revenait sur cette année marquée par le terrorisme et la lutte contre l'Etat islamique sur le sol Français, en Syrie et en Irak. Il recevait Olivier Roy, politologue, spécialiste de l'islam et du monde arabe, en direct depuis l'Italie.

Une radicalisation depuis 20 ans. "En France, il y a un espace de radicalisation qui existe depuis maintenant 20 ans. Cela a commencé en 1995 et on a toujours eu soit des attentas soit des tentatives d'attentats. Ce qui est nouveau, c'est l'arrivée de Daesh. A partir de 1995, des jeunes se radicalisent en France. Cette radicalisation locale n'a pas été perçue au début. Aujourd'hui, ils rejoignent Daesh parce que c'est la grande menace internationale. C'est Daesh qui fait la une des journaux. Beaucoup de jeunes iront ailleurs si Daesh est vaincu", explique le spécialiste.

Une tension globale. Plus que l'Europe, pour le politologue, c'est "le monde occidental" dans son ensemble qui est visé. "Il y a eu beaucoup de tentatives d'attentats, aux Etats-Unis et au Canada. C'est un djihad global. Ils peuvent attaquer n'importe où, que l'on envoie ou non des avions en Syrie." Le monde entier est-il leur ennemi ? "Oui. Ils sont contre l'ordre mondial,ce sont des gens qui pensent qu'il n'y aucun Etat qui est réellement islamique ou musulman, et donc que tout le monde est un ennemi." Est-ce là une chance s'ils déclarent la guerre au monde entier ? "Ils ne sont pas du tout dans un jeu d'alliances. Tôt ou tard, ils vont perdre. Pour l'instant, aucun des Etats locaux n'est prêt à envoyer des troupes au sol. Les Occidentaux non plus. Participer seulement à des raids aériens n'est pas une réponse efficace. Seule une coalition régionale pourra vaincre Daesh. Il y aura d'abord une coalition politique qui va se concrétiser en termes militaires. Les tensions locales vont s’accroître, Daesh est fragile de l'intérieur. "

Religion et laïcité. "On a une laïcité qui a la phobie du religieux. La laïcité n'est plus de gauche, n'est plus progressiste. Il faut contrer Daesh. Il ne faut pas laisser se développer un islam modéré. Je ne sais pas ce qu'est une religion modérée, mais un islam spirituel, qui répond aux besoins spirituels, qui n'offre pas cette espèce de fascination pour le djihad qu'est le suicide. Il y a un rôle à jouer sur le plan religieux."