Un méchant loup Vegan, un petit poucet devant la télé : Gérard Jugnot réinvente les contes

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Alexis Patri , modifié à
Acteur et comédien de renom, Gérard Jugnot est désormais écrivain de contes pas vraiment pour enfants. Invité de "Culture Médias", il explique les idées saugrenues qui égrainent son livre "C'est l'heure des contes".
INTERVIEW

À quoi ressembleraient les contes de Grimm et de Perrault et les fables de La Fontaine, s'ils avaient été écrits en 2020 ? C'est à cette drôle de question que répond l'acteur Gérard Jugnot dans son premier livre C'est l'heure des contes. Un court livre comique dont le comédien développe le contenu au micro de Philippe Vandel, dans l'émission Culture Médias.

Le Petit chaperon rouge qui gaze le loup

"Ce n'est pas un feel good movie un feel bad book : je soigne le mal par le mal", prévient Gérard Jugnot. Pour le comédien réécrire "les contes affreux" de notre enfance, avec leurs grands méchants loups et leurs ogres mangeurs d'enfants, était "une manière de vaincre notre peur". "Je revisite ça à notre époque, avec un regard assez tordu et un humour, j'espère, un peu noir pour justement en rire plutôt que d'en pleurer", précise-t-il. 

Ainsi, le grand méchant loup devient vegan, mais se jette sur le petit pot de beurre du Petit chaperon rouge, qui le gaze à la bombe lacrymogène. Il écrit au sujet du Petit Poucet qu'il vient "d'une famille nombreuse, très pauvre, qui criait famine dès le 15 du mois. Comble de malchance, le père et la mère étaient aussi très bêtes et c'est un soir de grande beuverie, après avoir vu l'Amour est dans le pré sur leur écran plat, qu'ils eurent l'illumination : la solution était dans la forêt." "C'est un 'réglement de contes'", s'amuse Gérard Jugnot au micro de Philippe Vandel.

"Ce n'était pas mieux avant"

Mais le comédien du Splendid ne s'arrête pas là. Il imagine aussi ces contes à l'heure du Covid-19 et des mesures sanitaires. Il écrit ainsi "Le lièvre aurait-il pu justifier le déplacement pour motif impérieux familial ?", "Les parents du petit Poucet auraient eu beaucoup de mal à prendre leurs enfants dans la forêt", ou encore "Le petit chaperon rouge n'aurait pas pu rendre visite à sa mère grand, cloitrée dans un EHPAD".

Pour Gérard Jugnot, détourner ces contes est aussi un moyen de moquer le discours du "c'était mieux avant". "Je m'amuse avec ces histoires, pour dire que c'était affreux à l'époque. C'est encore affreux maintenant, mais avec d'autres choses", explique-t-il.

"Il ne faut pas oublier qu'au 20e siècle, que tout le monde regrette, il y a eu la guerre de 14, les guerres coloniales, la Shoa....", énumère-t-il. "Certes, nous avons le sida et le Covid-19. C'est bien sûr dramatique et surréaliste, mais à chaque époque ces catastrophes." Une époque actuelle ni mieux, ni pire, mais dont Gérard Jugnot a pris le parti d'en rire.