L'ex-danseur étoile français Patrick Dupond est mort

Patrick Dupond
Patrick Dupond, légende de la danse, est mort à l'âge de 61 ans. © JEAN AYISSI / AFP
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avec Angèle Chatelier , modifié à
L'ex-danseur étoile de l'Opéra de Paris et star de la danse Patrick Dupond est mort vendredi, à l'âge de 61 ans, des suites d'une "maladie foudroyante". "Patrick Dupond s'est envolé ce matin pour danser avec les étoiles", a affirmé sa compagne et collaboratrice Leïla Da Rocha.

"Patrick Dupond s'est envolé ce matin pour danser avec les étoiles." Voici comment Leïla Da Rocha, la compagne et collaboratrice de Patrick Dupond, a annoncé la mort vendredi de l'ancien danseur étoile de l'Opéra de Paris. Celui qui fut, à partir de la fin des années 1970, une star de la danse mondialement connue, a succombé à 61 ans des suites d'une "maladie foudroyante". Il laisse derrière lui d'impressionnantes collaborations et un témoignage émouvant sur la difficulté d'une carrière de haut niveau. 

Alvin Ailey, Maurice Béjart, Rudolf Noureev, Roland Petit, John Neumeier... Patrick Dupond a travaillé avec les plus grands avant de devenir, en 1990, directeur de la danse du ballet de l'Opéra national de Paris. Celui qui racontait en Paris Matchà 2017 avoir fait "quatorze fois le tour du monde" s'est produit partout, notamment grâce au groupe Dupond et ses Stars, monté avec, notamment, Sylvie Guillem et Monique Loudières. 

Enfant turbulent et danseur star

Enfant turbulent, Patrick Dupond, né le 14 mars 1959, découvre sa vocation en observant un cours de danse classique. Rapidement repéré par Max Bozzoni, ancien danseur de l'Opération national de Paris, qui le prend sous son aile, le garçon intègre l'Ecole de danse du prestigieux établissement à l'âge de 11 ans. Désormais, il ne sera plus question de rien d'autre. "Je suis né pour vivre de la danse et je ne peux pas m'en passer", dira-t-il à 17 ans. 

Pendant plus de deux décennies, il bondira de succès en succès. Coryphée, puis premier danseur, il est nommé danseur étoile le 30 août 1980. Il a 21 ans, enchaîne dix tours de pirouette au lieu de cinq ou six dans Don Quichotte, devient le "chef de guerre" du Boléro de Ravel chorégraphié par Maurice Béjart, puis sa prima ballerina travestie et capricieuse dans "Salomé". De lui, et du chorégraphe américain Alvin Ailey, Patrick Dupond dira à Ouest-France qu'ils ont su le "cerner", le "révéler". 

Surtout, l'étoile aux yeux félins a fait partie du cercle restreint des danseurs populaires. De ceux qui ont su casser les barrières encore hautes autour de la danse pour aller vers un public plus large. Dans les années 1980, le monde entier admire l'école française de danse, la France la redécouvre grâce à lui, son aura, sa technique et son physique de gendre idéal. "C'est une star", résume aujourd'hui la danseuse Marie-Agnès Gillot, que Patrick Dupond avait fait entrer à l'Opéra de Paris. "Il n'y en avait pas deux comme ça. Il a apporté la modernité, ouvert la danse au contemporain. Avec lui, on est passé du Moyen-âge à la modernité."

Fougue et solitude

Fougueux, impétueux, Patrick Dupond apporte au monde très codifié de la danse classique une drôlerie rare. "La danse se doit d'être un don aux autres", explique-t-il à Paris Match. Mais le don aux autres prive parfois de soi. Il y a quatre ans, toujours dans les colonnes de l'hebdomadaire, l'ancien danseur est revenu sur les difficultés d'une carrière de haut niveau. Le rythme, les responsabilités, la dureté de l'art, l'ont amené "à une vie totalement autocentrée".

"Il faut comprendre qu'une vie de danseur étoile international est incompatible avec une vie de couple, car il est impossible d'être disponible à l'autre. Dix-sept mille personnes vous acclament sur scène mais vous n'avez personne avec qui partager ce moment. Quand je rentrais chez moi, j’étais heureux de retrouver mes animaux mais j’étais seul. Ou seul à deux, ce qui revient au même."

"À deux", à l'époque, c'est avec des hommes. En 2004, Patrick Dupond rencontre Leïla Da Rocha, ancienne basketteuse professionnelle reconvertie dans la danse orientale, avec laquelle il entame une relation. Il explique avoir "découvert l'amour avec une femme". Provoque un tollé en expliquant qu'en "ce qui me concerne, l'homosexualité a été une erreur".

Chute et renaissance

Ce pas de deux avec Leïla Da Rocha sera, quoi qu'il en soit une renaissance. Car après une carrière tourbillonnante, Patrick Dupond chute pour la première fois en 1997. Sollicité comme membre du jury du Festival de Cannes, il s'absente trois jours sans autorisation de l'Opération de Paris. Il est licencié, attaque aux prud'hommes, en vain. En 2000, un terrible accident de voiture le laisse avec 134 fractures, trois vertèbres artificielles, la main arrachée, trois fractures du crâne, plusieurs comas. Il lui faut alors tout réapprendre. Marcher, danser, apprécier l'existence. Puis, aussi, se désintoxiquer de la morphine qui l'a accompagné pendant deux ans. Là encore, c'est son mentor Max Bozzoni qui l'aide à se relever.

C'est à la télévision qu'on avait pu voir plus récemment Patrick Dupond. Dans "La Ferme Célébrités" en 2005, d'abord, puis comme juré de l'émission "Incroyable Talent", en 2007 et "Danse avec les stars" sur TF1 en 2018.