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Alexis Patri , modifié à
Le journaliste Laurent-David Samama présente lundi dans l'émission "Musique!" son nouveau livre, "Kurt", dédié au chanteur de Nirvana disparu en 1994. Il rappelle au micro d'Emilie Mazoyer l'engagement, parfois aujourd'hui oublié, de la figure de proue de la musique grunge en faveur des droits des minorités.
INTERVIEW

Des tags "God is gay" ("Dieu est homo") sur les murs de la petite ville américaine d'Aberdeen. C'est la première trace de l'engagement laissé par Kurt Cobain, bien avant qu'il ne devienne une star mondiale des adolescents du début des années 1990 et le visage de la musique grunge. Le journaliste Laurent-David Samama rappelle l'engagement du chanteur de Nirvana, à l'occasion de son invitation dans l'émission d'Emilie Mazoyer Musique!; lundi soir, pour présenter son livre intitulé Kurt.

Dans cette fiction très documentée, l'auteur imagine le message vidéo qu'aurait pu laisser Kurt Cobain avant de se suicider, le 5 avril 1994. Mais c'est un engagement politique bien réel que raconte aussi Laurent-David Samama. Selon lui, il naît dans la pensée du chanteur de Nirvana en opposition à son milieu d'origine.

"Il était fasciné par David Bowie, Kiss et Marc Bolan"

"Kurt Cobain a eu une enfance difficile. Il a eu un rapport avec son père compliqué. Il a eu très tôt une interrogation sur le genre, sur ce qu'il était, sur qui il aimait et qui il n'aimait pas", explique le journaliste. "Il tagguait 'God is gay' sur les murs de sa ville natale, dans le nord-ouest des Etats-Unis." Un coin de l'Amérique "white trash" qui se prenait alors de plein fouet la crise économique et sociale.

Les interrogations et l'engagement égalitaire de Kurt Cobain naissent également grâce à ses icônes musicales. "Il était fasciné par David Bowie, John Lennon, Kiss, Marc Bolan... Toutes ces rock-stars qui jouaient avec leur image, qui se travestissaient aussi parfois, et qui avait ce truc un petit peu amusant de brouiller les pistes, dans leur art et dans leur être", analyse Laurent-David Samama.

Soutien au groupe de musiciennes

Plutôt taiseux en interview, Kurt Cobain n'hésite pourtant jamais, dès qu'il en a occasion, à fustiger les homophobes et les sexistes. Il aide également la scène musicale des "riot grrrl" à émerger auprès du grand public. "Il a aidé Hole, parce que c'est le groupe de sa chère et tendre Courtney Love, mais aussi les Breeders, ou encore L7, qui est un groupe assez incroyable", rappelle le journaliste.

Pour lui, la musique grunge et les groupes riot grrl sont issus "de la contre-culture d'une Amérique de la marge" qui s'est construire en opposition aux Etats-Unis conservateurs de George Bush père. "C'est une sorte de claque à l'Amérique puritaine, comme on la voit un petit peu trop", ajoute-t-il.

"La musique de Nirvana était vraiment une musique politique" résume Laurent-David Samama, pour qui l'engagement de Kurt Cobain disparaît aujourd'hui parfois derrière l'image brute renvoyée par le grunge. "On le redécouvre à la faveur des luttes et des combats qu'on mène maintenant. Mais Kurt Cobain était quelqu'un qui était en faveur des droits des gays, qui était en faveur des droits des femmes et qui se battait fermement", appuie le journaliste. "Il ne cédait rien à ça."