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La chaise de «Van Gogh» détruite par des touristes en Italie, une œuvre qui questionne la vanité de la société moderne

Emma Ben Youssef Sudarovich - Mis à jour le . 3 min
La chaise de «Van Gogh» détruite en Italie, une œuvre qui questionne la vanité de la société moderne
La chaise de «Van Gogh» détruite en Italie, une œuvre qui questionne la vanité de la société moderne © Capture d'écran du compte Instagram du Palazzo Maffei Verona

"Un geste irresponsable". Dans un post partagé sur les réseaux sociaux, la direction du Palazzo Maffei à Vérone en Italie, ne cache pas sa colère. Dans une vidéos de sécurité de la galerie nous voyons un couple de touristes qui, en voulant se prêter au jeu des photos avec les œuvres, détruit la chaise de "Van Gogh" de l'artiste italien Nicola Bolla. Une œuvre qui s'inscrit, ironiquement, dans une série dénonçant la vanité de la société moderne.

"L'art doit être respecté" appuie la direction du Palazzo Maffei à Vérone en Italie, dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux. En cause ? Deux mois auparavant, un couple de visiteurs a détruit l'œuvre du sculpteur italien Nicola Bolla, la chaise de "Van Gogh" en voulant se prendre en photo avec. Ironie de l'histoire, cette sculpture s'inscrit dans une série du plasticien visant à dénoncer la vanité de la société et l'illusion de l'apparence. 

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Le fléau de la "photo parfaite"

Sur les images de la vidéo surveillance, nous pouvons voir un homme qui, souhaitant se faire prendre en photo par sa femme dans le musée, tente de s'asseoir sur la chaise de "Van Gogh". Une œuvre de l'artiste italien Nicola Bolla, qu'il est strictement interdit de toucher, comme l'indique une affichette accolée. Instantanément, la chaise ploie sous le poids de l'homme et s'affaisse. Le couple, actuellement recherché par le musée, a décampé rapidement sans en avertir qui que ce soit. 

Si la scène date d'il y a plus de deux mois, elle a de nouveau émergé dans l'actualité après le message publié sur les réseaux sociaux du Palazzo Maffei, qui dénonce "un geste irresponsable" et demande à ce que l'art soit respecté. Dans une société où les réseaux sociaux rythment les vacances et les sorties, les gens sont souvent prêts à se mettre en situation avec les œuvres, quitte à les détériorer. 

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Le musée véronais n'est d'ailleurs pas la première victime de cette frénésie pour "la photo parfaite". Pour exemples, en 2020 un touriste européen avait cassé le pied d'une statue de Pauline Bonaparte installée au musée de Passagno en Italie. Trois ans plus tôt à Los Angeles, une étudiante avait abîmé une dizaine de sculptures, après avoir chaviré en tentant de trouver l'angle parfait pour son selfie. Pour essayer d'endiguer ce fléau, les musées nationaux de Washington ont interdit les "perches à selfies" en 2015, qui étaient responsables de nombreux incidents. 

Les "Vanités", entre illusion et réalité

La chaise de "Van Gogh" s'est si facilement écroulée en raison de sa fragile ossature. Réalisée en aluminium et recouverte de centaines de cristaux de verre Swarovski, elle fait partie de la série "Vanités" de l'artiste italien Nicola Bolla. Mondialement connu du monde de l'art contemporain, cet ophtalmologue de profession, a inspiré une génération d'artistes tels que le célèbre sculpteur Damien Hirst pour son "For the love of God". 

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L'Italien a lui-même puisé son inspiration dans de nombreux courants artistiques. En premier lieu, nous pouvons voir avec "Vanités" une référence non dissimulée au Pop Art. Mouvement né dans la Grande-Bretagne des années 1950 et qui a connu son apogée dans l'Amérique des années 1960 avec notamment Andy Warhol. Alors que ce dernier a développé le concept de "sérigraphies" en reproduisant des œuvres à l'infini, toujours avec le même principe, Nicola Bolla a fait de même avec ses "Vanités". Crânes, micros de scènes, toilettes... les objets presque du quotidien, se parent d'une myriade de cristaux de verre et semblent ainsi briller de mille feux. 

L'illusion est alors parfaite. Alors qu'on pourrait croire avoir à faire à des objets de luxe, ils ne sont en réalité qu'apparences. Au même titre que les surréalistes du début du XXe siècle, Nicola Bolla transforme des objets qui, de prime abord n'ont rien à faire dans un musée, en véritables œuvres, en les détournant simplement de leur fonction initiale.

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C'est à travers ce mécanisme que l'artiste-ophtalmologue questionne l'illusion de l'apparence. Un point appuyé par l'utilisation, non pas de véritables cristaux durs comme du roc, mais de cristaux de verre. Un matériau particulièrement friable et fragile. Nous pouvons ainsi voir dans ses œuvres, des remises en questions de l'obnubilation de la société moderne pour les apparences, et de la beauté. Or, celle-ci souvent éphémère, ternie non seulement avec le temps, mais peut également se révéler irréelle lorsque l'illusion laisse place à la réalité.