Intervention en Libye : "Sarkozy, Obama et Cameron ont été courageux" pour BHL

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L’intellectuel français, partisan d’une intervention en Libye il y a quatre ans, est revenu sur la situation actuelle du pays, samedi matin, face à Anne Sinclair.
INTERVIEW

Non, rien de rien… Il ne regrette rien. Bernard-Henri Lévy, qui avait incité le président Nicolas Sarkozy à intervenir militairement en Libye, en 2011, affirme avoir eu raison dans son dernier livre, L’esprit du judaïsme, sorti en librairies mardi dernier. Invité d’Anne Sinclair, sur Europe 1, samedi matin, le philosophe est revenu sur les raisons de cette prise de position, pour laquelle il avait été vertement critiqué par certains, estimant notamment qu’il outrepassait son rôle d’intellectuel.

"On n’est pas du tout dans la configuration syrienne". "Le rôle des intellectuels, c'est de dire qu'il y a des situations où la paix peut-être pire que la guerre. Il y a des moments où une guerre, limitée, contrôlée, sous légalité internationale, peut-être plus juste qu'un état de paix honteux", défend l'écrivain, qui affirme dans un entretien à Libération qu'il aurait également soutenu une intervention en Syrie. 

Aujourd’hui, "on n’est pas du tout dans la configuration syrienne", défend Bernard-Henri Lévy lorsqu’on l’interroge sur le risque que la Libye tombe aux mains de l'Etat islamique, alors que l'avancée des djihadistes depuis la prise de la ville de Syrte, en février 2015, est inquiétante. "La Libye ne commence pas à être envahie par Daech. Il y a seulement deux villes qui sont sous Daech", a rétorqué l’intellectuel, avant d'ajouter : "La grande différence avec la Syrie, c’est qu’il y a des forces libyennes normales, qui assiègent Daech et l’empêchent de s’étendre". 

Le "courage" de Sarkozy, Obama et Cameron. "Cette histoire de dictatures qui sont des remparts de l’ordre, je crois que ce sont vraiment des raisonnements de peureux à courte vue qui se disent 'après moi le déluge'. Les dictatures finissent toujours par s’effondrer. Ce n’est peut-être pas aujourd’hui, mais ce sera dans cinq ans ou dans dix ans. Il y a des hommes politiques qui raisonnent comme ça, mais je pense que Sarkozy, Obama et Cameron ont été courageux de prendre cette initiative", développe Bernard-Henri Lévy.

Prendre des risques. "On peut avoir transitoirement tort et absolument raison", a-t-il avancé. "Ou alors, on reste sur son Aventin et on ne fait rien". Mais pour Bernard-Henri Lévy, il n’était pas question de jouer "la chouette de Minerve", évoquée par Hegel dans Principes de la philosophie du droit : "on attend que l’événement soit terminé pour statuer et pour opiner". A l'inverse, le philosophe s'appuie sur la conception de la philosophie défendue par Maurice Merleau-Ponty : "une philosophie qui n'attendrait pas que le soir soit tombé, qui n'attendrait pas que le champ de bataille soit 'tchernobylisé' pour y entrer et donner son avis".

>> Retrouvez tous les samedis matin, de 8h40 à 9 heures, l'interview d'Anne Sinclair sur Europe 1.