«Il faut savoir laisser sa place» : le réalisateur Martin Scorsese se confie à Clap !

Martin Scorsese
Martin Scorsese a présenté le film "Killers of the Flower Moon" au Festival de Cannes. © Patricia DE MELO MOREIRA / AFP
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Ophélie Artaud
Martin Scorsese a fait sensation au Festival de Cannes avec son dernier film, "Killers of the Flower Moon", présenté hors compétition. Au micro de "Clap !", qui a posé ses valises sur la Croisette pour une émission exceptionnelle, le réalisateur de 80 ans est revenu sur son expérience cannoise.

C'était l'un des réalisateurs les plus attendus cette année au Festival de Cannes. Martin Scorsese était présent sur la Croisette pour cette 76e édition, pour présenter son film Killers of the Flower Moon, où se retrouvent deux de ses acteurs fétiches : Leonardo DiCaprio et Robert De Niro. Et le cinéaste a également répondu aux questions de Laurie Cholewa : à l'occasion de la cérémonie de clôture du Festival, Clap ! a posé ses valises sur la Croisette, pour revenir sur les meilleurs moments du Festival.

S'il ne concourait pas cette année pour la Palme d'or, Martin Scorsese était tout de même ravi de participer au Festival. "C'est au tour des autres maintenant, il faut savoir laisser sa place", plaisante-t-il au micro d'Europe 1 / Clap !. "Il y a la nouvelle génération, les jeunes... J'adore les petites statues dorées et les prix, j'en suis très reconnaissant. Mais maintenant, je pense au temps qui passe, à l'énergie et l'inspiration. C'est ça le plus important", explique Martin Scorsese.

Encensé par la critique à Cannes

Le réalisateur de 80 ans est aussi revenu sur Killers of the Flower Moon, présenté hors compétition et encensé par la critique. Le film revient sur une page sombre de l'histoire américaine : sur les terres amérindiennes, dans la tribu des Osages, le pétrole découvert suscite la convoitise des Blancs, prêts à tout pour mettre la main sur cette richesse, en épousant les femmes de la tribu. Rapidement, une série de meurtres et de disparitions vont avoir lieu au sein de la communauté... Le tout dans une ambiance western totalement assumée, même si Martin Scorsese aurait "aimé en faire plus parce que j'aime ce genre de cinéma. Mais le western a disparu maintenant, c'était une figure de l'Amérique du 20ᵉ siècle et il n'existe plus aujourd'hui [...]", regrette-t-il.

Pour autant, le cinéaste a essayé "autant que possible d'inclure des éléments du western traditionnel" dans son dernier film. "Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'au départ, je m'imaginais un saloon ou un bar où j'aurai de grandes scènes. Mais en fait, l'État de l'Oklahoma interdisait l'alcool avant même la prohibition. Donc finalement, toute l'action du film se passe dans des maisons, des magasins, très loin de la tradition du western et du saloon. J'aurais bien aimé, mais ce n'était juste pas le cas."

Rencontre avec des membres de la tribu Osage

Adapté d'un livre, le film se concentre sur l'histoire d'Ernest, incarné par Leonardo DiCaprio. Amoureux de Molly (Lily Gladstone), une Amérindienne, Ernest se retrouve embrigadé par un homme d'affaires avide de pétrole (Robert de Niro). Un personnage que Martin Scorsese a dû totalement écrire. "Dans le livre, il y a très peu de choses sur Ernest. C'est l'un des problèmes que j'ai eus. Je me suis dit 'mais alors, qui est-il vraiment ?' On a énormément de détails sur Bill, sur Molly, sur la famille et sur tout le monde, mais rien sur Ernest", explique Martin Scorsese au micro d'Europe 1 / Clap !.

"J'ai donc inventé son personnage en me basant sur ce que j'avais lu dans le livre et sur ce que les Osages m'avaient dit. Ce sont eux qui m'ont fait remarquer qu'il s'agissait en fait d'une histoire d'amour. Avant de tourner le film, j'ai dîné avec environ 150 Osages et ils m'ont dit : 'n'oublie surtout pas qu'Ernest aimait Molly et que Molly l'aimait. C'est ça la vraie tragédie'", conclut le réalisateur.

Pour découvrir Killers of the Flower Moon, il faudra encore un peu patienter : le film sortira en salles le 18 octobre prochain.