Eric-Emmanuel Schmitt publie "Paradis perdus", premier tome de "La traversée des temps" 8:25
  • Copié
Alexis Patri
Avec son nouveau roman, "Paradis perdus", Eric-Emmanuel Schmitt se lance dans "La traversée des temps", une épopée littéraire qui devrait compter huit tomes. L'écrivain précise mardi dans "Culture Médias" les contours de cette saga qui ambitionne de retracer toute l'histoire de l'humanité.

Il a déjà vendu 24 millions de livres dans le monde. Et ce pourrait n'être qu'un début. Eric-Emmanuel Schmitt publie Paradis perdus, le premier roman de La traversée des temps, une saga en huit tomes (une "octologie") qui retracera, à termes, toute l'histoire de l'humanité. L'auteur de théâtre francophone le plus joué sur la planète raconte, mardi dans Culture Médias, ce projet littéraire très ambitieux. Dans Paradis perdus, le lecteur suit Noam, un homme préhistorique qui va se révéler immortel. "Noam est le témoin, et parfois l'acteur, des grands changements et des grandes mutations qui ont fait notre histoire", explique Eric-Emmanuel Schmitt. "Donc, à travers une histoire romanesque, je peux raconter les lignes de faille et les bouleversements, les révolutions et les évolutions."

Un roman aidé par les sciences humaines

Celui qui reconnaît s'être lancé "dans un projet fou" s'appuie, pour la trame de son roman, sur les dernières avancées de l'histoire et des sciences. Ainsi, son personnage de Noam est témoin d'un "déluge", comme il est décrit dans la Bible et dans la légende de Gilgamesh, un texte mésopotamien datant de 2.500 ans avant Jésus-Christ. Mais pas seulement.

"Les chercheurs se sont rendus compte que la mer Noire a sans doute d'abord été un lac. Lorsque la Terre s'est réchauffée, la Méditerranée est montée de plus d'une centaine de mètres", explique le romancier. "Elle s'est alors déversée dans les plaines ukrainiennes et a formé la mer Noire. Il n'y a eu un déluge non pas universel, comme le racontent les textes sacrés, mais un déluge à un endroit précis, qui était justement habité par les humains."

Une intrigue née il y a 35 ans

Mais écrire sur la préhistoire (dont nous n'avons, par définition, pas de trace écrite) n'est pas chose facile. "Une grande partie de notre connaissance de la préhistoire est née grâce à l'anthropologie et l'ethnologie. C'est-à-dire en nous comparant avec les civilisations qui n'ont jamais été touchées par notre culture", précise Eric-Emmanuel Schmitt.

Après Paradis perdus devraient venir les tomes sur Babel et la civilisation mésopotamienne, sur l'Égypte des pharaons et Moïse, sur la Grèce antique, sur Rome et la naissance du christianisme, sur l'Europe médiévale et Jeanne d'Arc, sur la Renaissance et la découverte des Amériques, et enfin sur les révolutions politiques, industrielles, techniques.

Eric-Emmanuel Schmitt a eu le temps de maturer son "projet fou" : il l'a en tête depuis ses 25 ans. "J'étais capable d'avoir l'idée à 25 ans, mais j'étais incapable de réaliser cette idée", explique l'écrivain, qui en a 35 de plus aujourd'hui. "Il a fallu que je prenne possession de mes moyens romanesques, et surtout je travaille pour avoir la culture scientifique, philosophique et religieuse nécessaire pour écrire cette histoire."

La traversée des temps est désormais bien lancée. Le romancier a déjà rédigé une trame pour cinq mille pages, "avec des rebondissements et des surprises jusqu'au bout", promet-il. Il est en train d'achever l'écriture du deuxième tome. Les huit volumes pourraient ainsi sortir au rythme d'un livre par an. "C'est le rêve de mon éditeur", sourit l'écrivain. "C'est peut-être aussi le mien."