Eric-Emmanuel Schmitt : "Dans le combat pour la tolérance, c'est le chemin qui compte"

Eric-Emmanuel Schmitt crédit : Europe 1 - 1280
Eric-Emmanuel Schmitt promeut la tolérance dans sa pièce de théâtre "M. Ibrahim et les fleurs du Coran" qu'il va jouer à Paris à partir du 5 septembre © Europe 1
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Marthe Ronteix
Dans sa pièce "M. Ibrahim et les fleurs du Coran", l'écrivain et interprète Eric-Emmanuel Schmitt promeut la tolérance, un combat que l'"on ne gagnera jamais", mais "on aura toujours besoin de lutter contre des simplifications", comme il l'a rappelé au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1 jeudi.
INTERVIEW

À partir de mercredi prochain, Eric-Emmanuel Schmitt sera sur les planches du théâtre Rive-Gauche, à Paris, pour jouer sa pièce M. Ibrahim et les fleurs du Coran. À cette occasion, il est venu parler de tolérance au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1 jeudi. 

Un texte toujours d'actualité. Cette pièce, qui raconte l'histoire de Moïse, un jeune garçon juif de 12 ans qui se lie d'amitié avec le vieil épicier arabe de la rue Bleue, à Paris, dans les années 1960, "est encore plus d'actualité qu'il y a 20 ans" lorsqu'il l'a écrit, observe Eric-Emmanuel Schmitt. "Le texte n'a pas changé, mais le contexte oui. Aujourd'hui, les gens sont frileux sur l'identité et la peur de l'autre s'est installée. M. Ibrahim, c'est le culte de la bienveillance. C'est montrer que derrière les étiquettes, il faut aller chercher êtres humains", insiste l'auteur et interprète.

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Aller au-delà des apparences. Et c'est cette curiosité de l'autre que vont explorer les deux personnage. "M. Ibrahim, c'est l'arabe du quartier, qui tient l'épicerie. Mais on découvre que 'arabe', ça veut dire que l'épicerie est ouverte de 8 heures à minuit. En fait, il est Turc et musulman soufi. Et Momo est un petit garçon juif dont la judéité n'a pas vraiment été transmise. Mais M. Ibrahim ne voit pas un juif dans Momo mais un jeune garçon ; et Momo ne voit pas un musulman mais un homme tout entier", détaille Eric-Emmanuel Schmitt.

Une pièce vecteur d'échanges. Traduite dans une cinquantaine de langues et publiée dans plus de 50 pays, cette pièce a été jouée à Tel Aviv, un soir un arabe et le lendemain en hébreu. "Les partisans de la paix des deux côtés se sont servis de la pièce pour montrer qu'ils pouvaient s'entendre et se tendre la main", explique Eric-Emmanuel Schmitt. "Quand on écrit un texte, on ne sait pas ce qu'il va devenir, à quoi il va servir. Ça m'a plu de l'apprendre."

"Dans le combat pour la tolérance, c'est le chemin qui compte". En Allemagne, des néo-nazis ont défilé à visage découvert, samedi dernier. La tolérance est-elle menacée par la montée des populismes ? "La bêtise est un labour facile", répond l'écrivain. "Je crois que le combat pour la tolérance, la bienveillance, on ne le gagnera jamais. Mais la raison de ce combat, ce n'est pas la victoire, mais le chemin. On aura toujours besoin de lutter contre des simplifications. Je crois que le raciste, c'est celui qui a peur que la différence ne soit rien. Il y a des gens qui ont peur de voir que leur voisin leur ressemble."