Seules 60.000 des 100.000 oeuvres et objets spoliés aux Juifs pendant l'Occupation leur ont été rendus.   1:20
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Laure Dautriche, édité par Marthe Ronteix
L'historienne de l'Art Emmanuelle Polack, commissaire scientifique de l'exposition consacrée au marché de l'art sous l'Occupation, au Mémorial de la Shoah, est sans cesse à la recherche d’œuvres à restituer à leurs propriétaires juifs.

À partir de mercredi et jusqu'en novembre prochain, une exposition sur le marché de l'art sous l'Occupation, de 1940 à 1944, s'ouvre au Mémorial de la Shoah, à Paris. Environ 100.000 œuvres et objets d'art ont été spoliés aux Juifs pendant cette période, 60.000 seulement ont été récupérés dans l'immédiat après-guerre. Aujourd'hui encore, certains chercheurs travaillent à restituer des tableaux spoliés à leurs propriétaires, comme Emmanuelle Polack, autrice de l'ouvrage "Le marché de l'art sous l'Occupation" (éditions Tallandier) qu'Europe 1 a rencontré.

Une "chercheuse de provenance". La commissaire scientifique de cette exposition, Emmanuelle Polack, est aussi "chercheuse de provenance". Cette historienne de l'Art traque à travers dans le monde ces tableaux volés par le IIIème Reich et se bat pour qu'ils soient restitués à leurs propriétaires.

Dernièrement, elle a permis à un tableau d'être rendu par le gouvernement allemand à la famille de Georges Mandel, homme politique juif assassiné par la milice française en 1944. "L'oeuvre a été restituée à la petite-fille de Georges Mandel le 8 janvier 2019. Il y a toujours énormément d'émotions parce que quand on restitue un tableau, on restitue aussi une mémoire, une identité", confie la chercheuse au micro d'Europe 1. Elle a réussi à prouver que ce tableau lui appartenait bien, grâce à des détails, et notamment une cicatrice de quelques centimètres au centre de la toile.

"Les dos des tableaux sont bavards". Pour remplir sa mission, Emmanuelle Polack se déplace en Allemagne et aux États-Unis, à la recherche d'archives. Elle scrute les catalogues aux ventes aux enchères. Et dès qu'elle réussit à s'approcher d'un tableau, elle est très attentive. "J'aime beaucoup regarder le verso de l'oeuvre parce que les dos des tableaux sont bavards", décrit-elle. "Il y a des étiquettes qui peuvent nous donner des pistes à suivre. Il y a des marques, des cicatrices."

S'il y a aujourd'hui encore tant d’œuvres à retrouver, dit-elle, c'est parce qu'après la guerre, ce sont les mêmes fonctionnaires spoliateurs qui ont été chargés de restituer les tableaux aux Juifs. Une tâche dont certains se sont acquittés avec beaucoup moins de zèle.