Charles de Gaulle l'a rendue célèbre mais d'où vient l'expression "la chienlit" ?

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Stéphane Bern avec Manon Bernard , modifié à
En ce cinquantenaire de la mort du général Charles de Gaulle, Stéphane Bern revient, dans sa chronique "Le mot de la fin", sur une expression qui a marqué ses années au pouvoir. "La chienlit", c'est le terme que le premier président de la cinquième République avait utilisé pour qualifier le désordre social lors des manifestations de 1968.

Il y a cinquante ans jour pour jour, le général de Gaulle s'éteignait. Dans les dernières années où il est au pouvoir, les événements de 1968 éclatent. Ouvriers, étudiants et travailleurs en général sont dans la rue pour dénoncer la politique du président. C'est alors qu'il prononce, le 19 mai 1968, face aux journalistes juste à la sortie du conseil des ministres, une formule restée célèbre : "la réforme, oui ! La chienlit, non !". "La chienlit" est un synonyme de désordre. Dans ce cas précis, d'un désordre social. Cette expression nous ramène donc toujours à ce moment-là de l'Histoire de la cinquième République. Mais quelle est l'origine de ce mot ? Stéphane Bern répond à cette question dans sa chronique Le mot de la fin sur Europe 1.

Une injure qui apparaît au 16ème siècle dans la littérature

Si l'on remonte un peu, le terme apparaît pour la première fois en 1534 dans Faits et dits du géants Gargantua et de son fils Pantagruel, de Rabelais. Parmi une liste d’insultes, on trouve "chienlictz" un mot composé de "lit" et de "chier" : c’est l’ancêtre de l’enquiquineur. L'injure dénonce, selon le journal Le Monde, "le fouacier c'est-à-dire, les fabricants de fouaces, des pains cuits sous la cendre". 

Le chienlit au carnaval de Paris

Mais il existe une seconde explication à ce terme. Un "chienlit" était un personnage typique du carnaval de Paris, une fête populaire où toutes les excentricités étaient possibles. Cette fête s’est tenue du 11ème au 15ème siècle dans la capitale. 

Le (très chic) costume du chienlit consistait en une chemise de nuit et un postérieur barbouillé de moutarde. D’ailleurs le nom du costume était appelé le "chie-en-lit". Emile Zola évoque cet événement dans deux de ses romans, L'Assomoir (1877) et Nana (1880). L’accoutrement est devenu au fil des ans un substantif féminin, "la chienlit", popularisé par le Général mais aussi par les manifestants de mai 68 avec leurs pancartes où de gaulle était dessiné avec cette mention : "la chienlit, c’est lui."