Misia 3:08
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Lucie de Perthuis , modifié à
À l'occasion de la sortie de son nouvel album "Pura Vida", la chanteuse de fado portugaise Misia revient sur son parcours, dimanche, en balade dans Paris avec Frédéric Taddei, sur Europe 1. Un parcours jalonné de difficultés, entre la pauvreté et la dictature.
INTERVIEW

"Chanter le fado, c'est chanter le destin." Et le destin d'une chanteuse portugaise née pendant la dictature de Salazar est loin d'être banal. Si elle donne aujourd'hui des concerts aux quatre coins du monde, Misia n'a pas toujours connu le succès. Au micro de Frédéric Taddei, sur Europe 1, dimanche, elle raconte les années qui précèdent sa réussite artistique. "J'ai connu la pauvreté. À une époque, je ne mangeais qu'une fois par jour", confie Misia. "J'ai même fait une année de burlesque. C'était du strip-tease, maintenant on appelle ça du burlesque" ironise la chanteuse.

"Après la mort de Franco, tout le monde devait se déshabiller"

Misia ne garde pas que des bons souvenirs de cette époque révolue. "Ce n'était pas agréable de faire du strip-tease. J'étais trop jeune, je ne comprenais rien. Je ne savais même pas pourquoi je plaisais. J'étais trop naïve", se souvient Misia, qui habitait à l'époque en Espagne."Après la mort de Franco, tout le monde devait se déshabiller. Sinon, on n'avait pas de travail", poursuit-elle. La chanteuse de 64 ans est née d'une mère catalane et d'un père portugais pendant la dictature de Salazar. "C'était très gris, très triste", confie-t-elle au sujet de son enfance.

"J'ai beaucoup pleuré"

Lorsqu'elle commence à chanter le fado, genre musical traditionnel portugais, elle doit faire face aux attaques des puristes. "Au Portugal, les gens ne m'aimaient pas. Ils disaient que je chantais mal, que je ne connaissais rien au fado, et que c'est pour cela que seuls les étrangers pouvaient écouter ma musique." En effet, la chanteuse a connu un succès à l'étranger avant d'être reconnue au Portugal. "C'était la ruine au Portugal et le succès à l'étranger", se souvient-elle. "Les gens peuvent être vraiment méchants. J'ai beaucoup pleuré." 

Aujourd'hui, son nom est indissociable du genre musical portugais. Un genre qu'elle a remis au goût du jour, qu'elle a rendu plus pop, plus littéraire, notamment en faisant appel à des poètes pour écrire les paroles. Dans son dernier et quatorzième album Pura Vida, elle a même intégré des guitares électriques. Misia sera en concert à la Cigale à Paris le 20 janvier prochain.