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Alexis Patri , modifié à
Au micro d'Isabelle Morizet dans l'émission "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie" samedi, l'écrivain David Foenkinos revient sur son parcours personnel et professionnel. Et notamment sur son rapport à sa carrière dans la littérature, une réalité qu'il n'avait jamais estimée possible en commençant à écrire.
INTERVIEW

En 18 romans publiés depuis 2002, David Foenkinos a récolté 15 bourses et prix littéraires, et a reçu deux nominations au César pour l'adaptation au cinéma de son best-seller La Délicatesse. Pourtant, l'écrivain reconnu a mis longtemps à avoir l'écriture comme un métier, et même comme une activité qui pouvait lui permettre de gagner de l'argent. Il l'explique samedi sur Europe 1 au micro d'Isabelle Morizet, à l'occasion de son invitation dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie

Car, malgré une pluie de prix littéraires, David Foenkinos n'a vendu que très peu de livres pendant les dix premières années de sa carrière. "J'ai vécu jusqu'à 35 ans avec très peu de très peu d'argent", explique le romancier. "Mais j'avais très peu de nécessités. Ça me paraissant incroyable que des gens puissent vivre de ce qu'ils aiment. Et j'étais très pragmatique : si je ne gagnais pas d'argent avec les livres, ce n'était pas grave."

"J'étais même prêt à refaire serveur ou professeur de guitare"

En 2033, au début des années de vaches maigres, l'écrivain remporte avec Entre les oreilles la Bourse du Talent Écrivain de la Fondation Jean-Luc Lagardère. "C'est une bourse qui était de 25.000 euros. C'était énorme et ça m'a permis de vivre deux ans", précise David Foenkinos. "Donc j'ai eu quand même des aides aussi."

La bourse épuisée, le romancier ne se retrouve pas sur la paille. Lui qui n'a jamais vu l'écriture comme une carrière a continué les petits boulots. "J'ai été journaliste pour le magazine féminin Muteen, pour Psychologies Magazine, j'ai donné des cours, j'ai travaillé sur des scénarios", énumère-t-il au micro d'Europe 1. "J'étais même prêt à refaire serveur ou professeur de guitare. Je sais que je me serais débrouillé quoiqu'il arrive."

"Pendant toutes ces années, je ne me suis jamais dit 'Tiens, je vais gagner ma vie avec la littérature'. Ce n'est pas que cela n'existe pas, mais ça existe si rarement", rappelle-t-il. "Et, à ce moment-là, je ne pouvais pas imaginer que j'allais toucher le grand public pendant cette décennie."

C'est finalement La délicatesse, un huitième roman sorti en 2009, qui va faire de David Foenkinos l'une des figures majeures de la littérature française actuelle. D'abord tiré à 3.000 exemplaires, il sera finalement acheté par 1,5 million de lecteurs. Pourtant, ses lecteurs habituels ne voyaient aucun changement dans le travail de l'écrivain qui pourrait expliquer ce passage soudain de l'ombre au succès. "Moi non plus", affirme l'écrivain.

Mais, avec le recul des années, David Foenkinos pense avoir compris ce qui, dans ce livre, a fait la différence. "Peut-être que le livre est, dans un premier temps, plus grave que les précédents, tout en gardant mon esprit de fantaisie", avance-t-il, sans en être tout à fait certain. "Peut-être que c'est le mélange des deux qui a joué." Deux ans après sa parution, le livre est adapté au cinéma et l'histoire incarnée à l'écran par Audrey Tautou et François Damien attire un nouveau public vers ce roman.