rue Gallimard 2:01
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Europe 1 , modifié à
La rue Gaston Gallimard rend hommage au fondateur des éditions du même nom, qui y avait installé le siège social de son entreprise. Mais l'ancienne rue Sébastien-Bottin a failli jamais ne changer de nom, comme l'explique dimanche dans "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie" l'académicien Pierre Assouline, qui a appuyé ce changement de nom.
INTERVIEW

Elle ne fait qu'une petite trentaine de mètres de long. Mais elle porte un grand nom. La rue Gaston-Gallimard (dans le 7e arrondissement de Paris) rend hommage fondateur des éditions du même nom, qui y avait installé le siège social de son entreprise en 1928. C'est 2011 que l'ancienne rue Sébastien Bottin (d'abord square de l'Université puis rue de Beaune) change de nom. Mais l'hommage, projet de longue date, a failli ne jamais être concrétisé. Il aura fallu l'action de l'académicien Pierre Assouline pour lever un malentendu qui bloquait le dossier à la mairie de Paris, comme il l'explique dimanche à Isabelle Morizet dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

L'idée de renommer la petite rue Sébastien Bottin naît en 2006, lors de l'inauguration de la très proche place René Char, d'une conversation entre le maire de Paris de l'époque et Antoine Gallimard, petit-fils et successeur du fondateur des éditions Gallimard. Une conservation à laquelle avait alors assisté le journaliste et écrivain Pierre Assouline. "Bertrand Delanoë a dit à l'éditeur que ce serait bien qu'il existe une rue Gaston Gallimard, et qu'il y a très peu de numéros dans la rue Sébastien-Bottin", se souvient-il le membre de l'Académie française sur d'Europe 1.

"La réputation de Gaston Gallimard était usurpée"

Antoine Gallimard acquiesce face à cette proposition d'honorer son défunt grand-père. Mais les mois et les années passent, sans que la rue Gaston Gallimard ne voit le jour. Pierre Assouline demande alors au patron des éditions où en est le dossier. "Il me dit qu'il ne comprend pas, que ça bloque à la mairie et me demande si je connais quelqu'un qui pourrait aider", explique Pierre Assouline à notre micro. "Et, en effet, je connaissais quelqu'un au cadastre, donc je suis allé le voir."

Un ami qui donne à Pierre Assouline, biographe de Gaston Gallimard une explication qui le stupéfait. "C'est un peu compliqué parce que, et le maire ne le savait pas, Gaston Gallimard a un passé un peu trouble. Il paraît qu'il a été un collabo", lui glisse-t-on. "Vous ne connaissez pas son histoire, ce n'est pas du tout ça !", rétorque alors le journaliste, écrivain et académicien. "Toute la presse et toute l'édition française a été sous le même régime pendant l'Occupation. Gaston Gallimard comme Bernard Grasset, comme tous les autres."

Pierre Assouline explique donc à la mairie de Paris l'histoire de l'édition française soumise aux nazis sur l'Occupation, et le rôle de Gaston Gallimard. "Une fois que j'ai passé une heure ou deux à leur raconter, ils m'ont dit qu'ils comprenaient beaucoup mieux", indique l'écrivain. "La situation n'était pas normale, il y avait un blocage. Et ce blocage, c'était ça : une réputation qui était usurpée."

Quelques mois après cette conversation qui a levé un malentendu historique, le 15 juin 2011, la rue Sébastien Bottin était finalement officiellement renommée. La courte rue Gaston Gallimard ne compte qu'un seul immeuble : celui des éditions du même nom.