Julien Gracq, en 1950.
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En 1951, l'écrivain Julien Gracq refuse le prix Goncourt. Une première, et un scandale, qui entraîna des réactions pour le moins... surprenantes.
INTERVIEW

En 1951, l'écrivain Julien Gracq refuse le prix Goncourt, pour son roman Le Rivage des Syrtes. Il entend ainsi dénoncer les compromissions commerciales du monde littéraire. "Il y a des écrivains pour qui la manne publicitaire n'excuse pas tout. Un écrivain a le droit de choisir sa voie vers le public", se justifie-t-il alors dans la revue Arts.

Une première, qui fait scandale. À l'époque, toute la presse en parle. Les uns saluent son courage. Mais beaucoup dénoncent un coup de pub et une attaque injustifiée contre un prix respecté. Parmi les détracteurs de Julien Gracq, certains entendent même aller plus loin que les mots...

"Ça a été un tel scandale que quelques jours après le refus public, un petit groupe, de surréalistes, a entrepris le projet de kidnapper Julien Gracq à la sortie du lycée où il enseignait, pour faire un happening, kidnapper celui qui ne voulait pas le Goncourt", raconte aujourd'hui l'écrivain Pierre Assouline, invité de La Voix est livre, sur Europe 1.

"Guy Bedos est resté tout penaud"

"Ils ont tiré au sort celui qui devait le kidnapper. C'est tombé sur le plus jeune d'entre eux, il avait 17 ans. Il était assez gringalet. Vous savez qui c'était ? Guy Bedos. Le jour J, il s'est précipité sur Julien Gracq, qui l'a poussé. Julien Gracq lui a dit 'qu'est ce que vous voulez ?', et il est parti. Guy Bedos est resté tout penaud, comme ça", raconte Pierre Assouline sur Europe 1.

En 2007, un article de Libération évoquait cette histoire, peu connue. L'article parlait alors "d'enlèvement canularesque" pour "protester contre son refus jugé publicitaire" et affirme que Julien Gracq a "été sauvé par des journalistes". "On ne sait pas ce qu'ils [les kidnappeurs] voulaient en faire", précise toutefois Pierre Assouline, qui avance que Guy Bedos lui a confirmé l'histoire au téléphone.