Cauet : "Je ne suis pas le boute-en-train qui va faire des blagues à table"

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Aurélie Dupuy , modifié à
Derrière l'image d'animateur zéro limite, Sébastien Cauet se veut un homme d'affaires qui s'est construit assez vite seul et qui envisage de diriger une grande radio.
INTERVIEW

Sa mère voulait qu'il soit ingénieur des eaux et forêts. Mais Sébastien Cauet, davantage connu sous son simple patronyme, a pris le chemin de la radio. Une trajectoire qui n'aurait sans doute pas été la sienne si sa mère n'était pas morte emportée par un cancer du sein. "La vie peut être cruelle et très étrange en même temps", souligne l'animateur, invité samedi de l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. Au micro d'Isabelle Morizet, celui qui est aussi humoriste, homme de télé et youtubeur à succès a raconté son parcours, alors que sort son livre T'es habillé comme tout le monde, mais tu ressembles à personne !.

Garçon taciturne

À 7 ans, fils unique né dans une famille du Nord, Sébastien Cauet se jure qu'il ne restera pas en Picardie. "Il n'était même pas question pour moi de faire comme mes oncles, mes cousins, mon grand-père, travailler dans la sucrerie", lâche l'animateur radio, qui concède qu'il était pourtant heureux. Mais la perte de sa mère à 10 ans puis celle de son père à 20 ans font qu'il a dû très vite se gérer seul. "J’ai basculé d’un coup à l’âge adulte. Ça fait un garçon un peu renfermé sur lui-même. Ce garçon taciturne que j’étais, je le suis toujours un petit peu. Je ne suis pas le boute-en-train qui va faire des blagues à table, même au milieu de plein de copains", ajoute Cauet, loin de l’image "no limit" qu’il s’est construit.

C'est dans sa chambre d'ado qu'il se fait sa propre éducation. Il découvre les magnéto-cassettes, touche à l'humour, aux enregistrements. "Je commençais à me faire des voix, des imitations. Je commençais à me faire un personnage, qui une fois la porte de ma chambre refermée, était un peu plus fou que ce que j’étais dans la vie." Avec la complicité de son père, il cultive ses passions pour l'informatique et le mixage. "Mon père ne gagnait vraiment pas bien sa vie. Il n’avait pas de dépenses pour lui. Son petit plaisir, c’était de me faire plaisir. C’était presque tout sauf un scooter. Il ne voulait tellement pas que je sois sur un scooter…"

Entendu sur europe1 :
 Avec une timidité maladive, un physique qu’on n’assume pas beaucoup, une souplesse qui ne permet pas d’être danseur, on y va par élimination

Et puis, en passant par L'école des fans, il est fasciné par l'univers médiatique. "Mais avec une timidité maladive, un physique qu’on n’assume pas beaucoup, une souplesse qui ne permet pas d’être danseur, on y va par élimination. Je voulais faire ça, c’est pour ça que je suis allé assez vite vers l’animation et la radio. Caché derrière la bonnette, on est différent, on peut se donner un rôle. On a 25 ans, on est surfeur, on fait 1,90m."

Dès 13 ans et demi, il envoie aux stations des jingles qu'il a mixés. Un jour, l'un d'eux passe, il va alors visiter la radio. "Tout a commencé. En fait, j’ai appris qu’il fallait oser." Quand son père meurt, il vend la maison familiale, reste à Paris où il est en école de commerce. "Je n’en avais absolument rien à faire, je faisais de la radio à côté", en tant que stagiaire, littéralement planqué dans les placards, car sans convention de stage. Et après chaque drame, il se rend compte malgré tout que la vie lui sourit, comme lorsqu'un patron de radio lui dit oui. Son ascension est rapide. Il cumule les expériences, passe par Fun radio, Virgin, NRJ, Europe 2.

"La télé peut rendre fou"

Cauet a la bougeotte, "l’envie du défi". À 27 ans, il devient patron de la station Rire et chansons. "J’ai eu une semaine de dépression horrible. C’était tout sauf ce que je voulais à l’époque." Mais au cinquième jour, il revoit tout, se lance. "On a structuré ça comme une radio d’info. La radio a décollé." Il est ensuite repéré par Étienne Mougeotte pour lancer La méthode Cauet sur TF1. Et ajoute ainsi le volet télé à sa carrière, avant d'y ajouter encore ses vidéos sur Internet.

À 47 ans, il savoure son parcours. "La télé peut rendre fou beaucoup de gens. Quand on y est et puis quand on n’y est plus. J’ai vu beaucoup de gens changer en y étant et beaucoup de gens être profondément malheureux en n’y étant plus." Lui cumule aujourd'hui 1,5 milliard de vues sur Internet.

Entendu sur europe1 :
La grosse tête quand on fait notre métier, c’est normal de l’avoir

La grosse tête quand on fait notre métier, c’est normal de l’avoir. Ça veut dire qu’à un moment donné, on déconnecte un peu et on se dit 'ça va, je suis une star'. On est très con ! Je l’ai eue vers 20/21 ans et ça n’a pas duré très longtemps. Je me suis dit 'là tu es stupide, arrête de t’enflammer'. Aujourd'hui, avec en plus sa société de production, Be aware, Cauet est finalement plus homme d'affaires que simple animateur. Mais il garde sa casquette d'humoriste et compte d'ailleurs fêter son prochain anniversaire sur scène.

"Pas très bling-bling"

Sinon, point de paillettes, assure-t-il. Après un détour par Miami et bien qu'il lui arrive de mixer à Las Vegas, c'est Le Touquet qui abrite sa résidence principale. "Je ne suis pas très bling-bling. J’aime profiter des choses mais asperger le corps de danseuses de champagne sur les plages de Saint-Tropez n’a jamais été mon délire du tout." Après avoir aussi éduqué ses deux enfants de 17 et 19 ans, il vise un dernier rêve : revenir à ses premières amours, la direction d'une radio. "Ce n’est pas une envie de sale gamin, je l’ai déjà fait, mais ce n’était pas à mon compte et les gens pour qui je l’ai fait étaient ravis. J’avais l’impression de n’avoir fait que 10% ou 20% de ce que j’aurais pu faire. Peut-être que la prochaine sera la bonne."